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ENCORE UN PEU DE PATIENCE!

LES NEWS SONT EN ROUTE!

Ici

Une pétition pour l'égalité salariale

15-12-2015  - avatar

Force est de constater que le nouveau Conseil fédéral ne montre pas l’exemple en matière de représentation homme/femme et reste en retrait en matière d’égalité salariale. Sa proposition, actuellement en...

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Ailleurs

Annick Blavier, une œuvre engagée

27-06-2017 Hélène Upjohn - avatar Hélène Upjohn

Il y a du mystère dans les collages d’Annick Blavier, les déchirures, les fragments, les situations que l’on ne voit pas en entier, les citations qui ont perdu leur auteur.e..Pourtant...

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Genre&Féminismes

Une pilule pour doper la libido féminine…

10-12-2015  - avatar

Les sociétés pharmaceutiques rivalisent d'ardeur pour mettre sur le marché une pilule qui stimulerait le désir sexuel chez les femmes. Sprout Pharmaceuticals a déjà obtenu le feu vert pour la...

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chronique féminista-voyageuse

Désertification

Depuis Tacuarembo, les camions charrient du bois, beaucoup de bois. Pins et eucalyptus en direction du Sud-Ouest, les voilà à nouveau, mais cette fois ébranchés et entassés dans des cages grillagées. Toutes les cinq minutes, les coups de vents des poids-lourds, longs de huit ou dix mètres avec leur remorques, manquent de nous déshabiller, t-shirts relevés jusqu'au milieu du dos et, une ou deux fois par jours, nos casquettes jetées dans le bas côté. Ils foncent en direction de Fray Bentos, sur la rive orientale du fleuve Uruguay. La route est d'ailleurs en cours de réfection car, avec la chaleur, le ballet incessant des camions a creusé de profonds sillons dans le bitume. Nous tenons ferme nos guidons et, les premières heures, je me demande ce qu'on peut bien fabriquer avec des troncs à peine plus épais que mes jambes et débités en longueurs de deux ou quatre mètres. Mais bien sûr, ce n'est ni du bois d'oeuvre ni du bois franc: tout sera réduit en pâte à papier sur le fleuve. Au bout de deux jours, les routiers commencent à nous klaxonner de manière plus systématique. Les premiers temps, leur salut assourdissant semblait simplement dédié à nous prévenir de tenir plus fermement nos vélos lorsqu'ils nous dépassaient en tornade. Maintenant, ceux qui nous croisent de front s'y mettent aussi, avec force salutation de la main et pouces en l'air. Peut-être s'amusent-ils de nous retrouver sur cette "ruta 3 y ruta 24" trois cents kilomètres plus bas que la semaine dernière? Peut-être se passent-ils le mot par radio CB?

 

Sur les terre fertiles des abords de Paysandú, les champs de riz et l'élevage du centre ont laissé la place au sorgo, au maïs et au soja, à perte de vue. En traversant les villages, nous guettons les jardins potagers. En cinq semaines, j'en ai vu trois. Soixante kilomètres plus bas, un immense panneau de la "Compañia Forestal Uruguaya S.A." proclame la "Forestación sostenible" et la "Diversidad". L'image a été plantée à l'orée de nouvelles forêts silencieuses et immenses... d'eucalyptus. Coup d'oeil en arrière: au dos de la pancarte un slogan peint à gros traits traite les responsables de menteurs.


Karen nous dit: "Si les Argentins sont contre l'usine, c'est qu'ils sont jaloux. Ils ne supportent pas qu'un petit pays comme nous se développe si bien, juste de l'autre côté du fleuve. C'est pour ça qu'ils ont bloqué le pont international. Il y a même des Uruguayens à qui on a jeté des pierres, quand ils ont voulu passer la frontière..."

Je lis: "Entre 2002 et 2005, deux entreprises, espagnole et finlandaise, obtiennent l'accord du gouvernement uruguayen pour s’installer. Sur la rive opposée s’est rapidement constitué un mouvement de contestation, ancré dans les réseaux associatifs de la ville argentine de Gualeguaychú. Il dénonce la pollution du fleuve par cette usine. Dès 2004, les «asambleistas » commencent à couper de façon intermittente puis permanente le pont reliant la ville à Fray Bentos (jusqu'à y rassembler 40 000 personnes lors d'une manifestation en avril 2005). Réclamant le départ des usines au nom de la préservation de son cadre de vie, et forte de l’effervescence sociale et citoyenne des lendemains de la crise argentine de 2001, ce mouvement réussit à mobiliser le gouvernement fédéral argentin et la Cour internationale de justice de La Haye".

Mais Stefania enrage: "Toute cette opposition à la pollution n'a pas suffi à régler le problème: cela a freiné l'activité des usines pour un temps et on a espéré pouvoir développer à nouveau le tourisme dans la région. Mais tout est pollué, alors le tourisme, personne n'y croit bien... En plus, les usines ont gagné (La Haye a décrété qu'il n'y avait pas de preuve suffisante de pollution) et ils en construisent même une nouvelle, à Conchillas. Ça mobilise bien des ouvriers pour la construction mais, une fois en marche, il paraît que tout est automatisé là-dedans, alors à part des ingénieurs hollandais ou anglais... Et voilà, ici tout le monde crève!"

Et encore, ici, tournées vers le fleuve, personne ne nous parle de l'afforestation découverte en amont. Car ces forêts sont des déserts, sans faune ni flore, brûlant tout, appauvrissant les sols au lieu de les protéger, pompeuses d'eau au lieu de la retenir et condamnant ainsi les cultures locales et à petite échelle. Elles sont tellement sujettes aux incendies qu'elle sont enfermées-barbelées et surveillées par des miradors qui renferment peut-être les seuls êtres encore vivants de ces lieux.

Je voulais dans cet épisode parler encore de l'industrie d'extrait de jus de viande (corned-beef) qui a éte glorieusement développée puis anéantie, pour laisser la place aux producteurs de papier, dans cette même ville de Fray Bentos. Mais cela fait bien trop pour une seule journée. Je dirai seulement que le coucher de soleil était superbe hier sur le fleuve Uruguay et sur fond d'usine frigorifique géante abandonnée. À la beauté silencieuse de ces ossements de béton et de fonte, tout droit sortis de la révolution industrielle, se mêlait dans mon imagination les beuglements des millions de boeufs (sans mentir) ici abattus, ce qui donnait au tableau une mélancolie mêlée de terreur.

Ici aussi

Ici comme chez moi, les rôles semblent assez clairement définis.

Après des semaines à pédaler dans les plaines principalement peuplées de vaches et d'oiseaux, je réalise que nous avons croisé des dizaines de "gauchos", ces cow-boys de l'Uruguay, montant leurs chevaux à cru (ou avec une couverture et une peau de mouton jetée sur le dos de leur monture pour les plus douillets)... mais seulement une femme faisant de même.

Après des jours à remonter la côte de l'Atlantique sud et à contempler ses plages balayées par le vent, je réalise que je n'ai vu aucune femme surfer dans les rouleaux: elles attendent toutes leurs hommes sur la plage.

Ici comme chez moi, je vois que les routiers sont des hommes, et les femmes de ménage des femmes et ainsi de suite.

Et tous les jours, j'apprécie ces types qui nous interpellent si spontanément sur la route, pour nous demander d'où nous venons, pour s'émerveiller que "deux femmes seules" fassent ce voyage à vélo et pour nous lancer des "Suerte!" chaleureux. Mais je reconnais dans ces regards de femmes qui se détournent et dans leurs pas qui nous fuient, l'apprentissage que j'ai fait moi-même: on évite les inconnus quand on est une femme, il s'agit d'être accueillante dans sa propre maison, mais craintive partout ailleurs, puisque notre condition reste d'être faible et cible de maints dangers.

Ah! Lueur d'espoir: ces femmes sur les berges de l'Uruguay, non loin de la ville de Paysandú, qui vont à la pêche tout comme leurs hommes... mais ce sont elles qui plient et déplient la tente, qui préparent le maté, vident les poissons et font le repas (à part les grillades, une affaire d´hommes), s'occupent des enfants... pendant qu'il tiennent les cannes et tirent sur leur bombilla. Ici comme chez moi.

Ici comme chez moi, la tristesse et la rage de voir cette histoire se répéter. Ici comme chez moi, la fatigue de voir des militants se moquer de mon féminisme supposé. Ici comme chez moi, le plaisir de voir Marita, grand-mère de soixante-dix ans, s'enthousiasmer de mon féminisme bien compris.


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