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Une pétition pour l'égalité salariale

15-12-2015  - avatar

Force est de constater que le nouveau Conseil fédéral ne montre pas l’exemple en matière de représentation homme/femme et reste en retrait en matière d’égalité salariale. Sa proposition, actuellement en...

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Ailleurs

Annick Blavier, une œuvre engagée

27-06-2017 Hélène Upjohn - avatar Hélène Upjohn

Il y a du mystère dans les collages d’Annick Blavier, les déchirures, les fragments, les situations que l’on ne voit pas en entier, les citations qui ont perdu leur auteur.e..Pourtant...

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Genre&Féminismes

Une pilule pour doper la libido féminine…

10-12-2015  - avatar

Les sociétés pharmaceutiques rivalisent d'ardeur pour mettre sur le marché une pilule qui stimulerait le désir sexuel chez les femmes. Sprout Pharmaceuticals a déjà obtenu le feu vert pour la...

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chronique féminista-voyageuse

ÑANDÚ

Nous quittons la côte de l'Atlantique sud pour nous enfoncer à l'intérieur des terres et dans l'histoire du continent. Finies les plages touristiques arpentées par les Argentin-e-s et Brésilen-ne-s, villégiatures des généraux de la dictature uruguayenne quelques années plus tôt. Nous découvrons les grands espaces (tous clôturés sans exception) dédiés à l'élevage : des milliers de vaches sur des miliiers d'hectares, mêlées aux chevaux, aux moutons et, plus sauvages, aux ibis garde-boeufs et aux ñandús.


Les ñandús ressemblent à de petites autruches. J'ai appris leur nom en cherchant dans les étoiles du ciel la constellation de la "Croix du Sud", avec un nouvel ami de rencontre, Javier. Certains de ses ancêtres sont indiens et il m'explique que la constellation que je cherche, invisible depuis l'hémisphère nord comme la Grande Ourse est invisible pour lui au Sud, n'est pas une "croix" mais, selon les légendes indiennes, un "pied de ñandú". Javier raconte encore que la légende prophétise que les Indiens doivent prendre garde, car leur avenir suivrait celui des ñandús : l'extinction.

Officiellement, l'Uruguay ne compte aujourd'hui parmi ses habitant-e-s aucun-e indigène, aucun-e descendant-e des populations autochtones pourtant nombreuses lors de l'arrivée des premiers colons espagnols. Au XIXe siècle, le génocide entamé dès les débuts de la conquête 300 ans plus tôt, a été achevé avec l'objectif d'éradiquer, jusqu'au dernier, les Indiens encore réfugiés au nord de l'Uruguay et dans la Patagonie argentine, parce qu'ils perturbaient les plans de progression des grandes propriétés d'élevage.

Je lis Eduardo Galeano, Les veines ouvertes de l'Amérique latine, et alors que nous passons non loin des Mines de Oro abandonados, je me plonge dans les récit d'horreur des mines d'argent de Potosi (Haut Pérou) et des mines d'or d'Ouro Preto (Brésil). "En trois siècles, la riche Potosi anéantit huit millions de vies humaines. Les Indiens étaient arrachés aux communautés agricoles et acheminés, avec leurs femmes et leurs enfants, vers la colline. Sept sur dix de ceux qui partaient n'en revenaient jamais. Les Espagnols exploraient des centaines de milles à la ronde, à la recherche de main-d'oeuvre. Beaucoup d'Indiens moururent en chemin avant d'atteindre Potosi. Mais c'était les terribles conditions de travail qui tuaient le plus. (...) Six mille cinq cents brasiers brûlaient la nuit sur les flancs de la riche colline. À cause de la fumée des fours, il n'y avait ni pâturages ni récoltes dans un rayon de six lieues à la ronde et les émanations n'étaient pas moins implacables pour les corps des hommes."

Concernant l'extraction intensive de l'or, les Indiens ayant été exterminés dans le siècle précédent, "elle accrut non seulement l'importation d'esclaves mais elle vida d'une bonne partie de la main-d'oeuvre noire les plantations de canne à sucre et de tabac des autres régions du Brésil. (...) La soif d'esclaves de Ouro Petro était insatiable. Les noirs mourraient rapidement ; rares étaient ceux qui supportaient sept années continues de travail."

Ces descriptions préfigurent le pillage du continent sud et centre-américain jusqu'à nos jours, pillage qui prendra selon les régions et les époques le visage de l'exploitation du cuivre, du mercure, de l'étain, du caoutchouc, du pétrole mais aussi des monocultures de sucre, de café, de cacao, de tabac, de coton ou encore de bananes...

Sur notre route, nous passons près du village de Núñez, électrifié il y a tout juste trois semaines... pour permettre l'extraction du pétrole. Puis nous entendons parler des mines plus au sud de Santa Clara de Olimar, et des nouveaux projets du président Mujica de mines à ciel ouvert. J'entends parler de mouvements de protestation contre ces projets miniers et espère glaner quelques tracts ou faire des rencontre pour comprendre les raisons de cette colère.

Nous allons au musée de l'indio a Tacuarembo... où les vestiges du peuple charrúas se résument à peau de chagrin. Nous sommes chez Santiago et nous discutons politique. Soudain, il nous propose de le suivre à la réunion d'un collectif indigéniste, qui se déroule discrètement dans un garage d'une maison particulière. Certains participants ont fait plusieurs centaines de kilomètres pour être là. Nous sommes une quinzaine, la discussion (fort animée) porte sur la pertinence de la "declaración de las Naciones Unidas sobre los derechos de los pueblos indígenas".

En discutant plus tard dans la soirée avec Santiago, je réalise que "Tupamaros" vient de Tupac Amaru, nom du très connu cacique métis, descendant direct des empereurs incas et qui pris la tête d'un mouvement messianique et révolutionnaire de grande envergure contre les Espagnols et l'horreur de Potosi. En 1781, il assiégeait Cusco, ayant rallié à lui des miliiers d'autochtones, avant d'être finalement trahi, capturé et supplicié, avec sa famille et ses principaux partisans.

Et de me demander à quel point ce mouvement révolutionnaire des années 60-70, issu de luttes paysannes et étudiantes, s'est appuyé sur cette sourde mémoire des massacres et du pillage colon pour refuser le capitalisme dépendant qu'il avait produit...

Transformations

Pour la première partie du voyage, nous remontons la côte atlantique, depuis le Sud (sur les bords du Rio de la Plata), jusqu'au Nord à Chuy, ville frontière avec le Brésil (le long de l'Atlantique). Une amie m'a demandé de retrouver son amie de trente ans sur la côte. Elles se sont connues en bossant ensemble à la Poste à Berne dans les années 80. Elle s'appelle Adriana et elle est uruguayenne. Mon amie, Judith, vit maintenant en Valais et ne l'a pas vue depuis 15 ans. Sur mon cahier, j'ai son nom et celui du village où elle habite peut-être encore... Cabo Polonio.

Mais à huit kilomètres du village, nous sommes arrêtées par un énorme complexe touristique, avec boutiques, parking, guichets et distributeurs de billets. Cabo Polonio n'est pas accessible librement, ni en voiture ni en vélo. Des centaines de touristes font la queue pour monter dans d'énormes camions 4x4. Nous hésitons à suivre le flux canalisé qui sent l'attrappe-gogo... Mais je dois retrouver Adriana et je n'ai que son nom...

J'explique à la femme derrière le comptoir que j'ai une amie là-bas, peut-être. Elle me fait répéter son nom deux fois et dit "Mais oui! Adriana! Celle de l'Hôtel Posseïdes! Je l'appelle pour vous." Il y a 70 habitant-e-s à Cabo Polonio, aucune chance qu'elle ne connaisse pas Adriana. Nous nous parlons par téléphone et nous avons du mal a nous comprendre, elle qui n'a pas parlé allemand depuis 15 ans, moi qui le parle deux jours par an. Elle nous dit "Venez, je vous attends à l'arrêt du bus !"

Le voyage à travers les dunes de sable impraticables nous confirme qu'il n'y pas d'autre accès au village que ces énormes 4x4. Adriana nous racontera plus tard que c'est un Français en 1998 qui a inauguré la veine touristique de Cabo Polonio en faisant venir les premiers touristes par charette à cheval. Car c'est un village de pêcheurs que nous découvrons, Adriana nous l'assure "si si, il y en a encore, contrairement à la "Punta del Diablo" où ils sont tous partis. Ici, l'été, il y a entre 1500 et 3000 touristes qui défilent chaque jour, mais l'hiver, nous sommes entre nous, les 70, nous tenons dans cette cabane, là, pour faire la fête ensemble! Et là, il y a l'école, on a sept ou huit enfants, je ne sais plus... Et là, l'hiver, nous faisons une émission de radio entre femmes !" Elle nous fait faire un tour, nous explique que la ligne électrique alimente exclusivement le phare et la baraque où ils font des "observations scientifiques sur les poissons. Dans le village, ça marche assez bien avec le solaire et l'éolien... l'hiver, on a assez froid, mais ça va. C'est surtout le vent qui rend fou. C'est pour ça que toutes ces maisons-là sont occupées seulement par les touristes l'été. Nous, on est de l'autre côté".

De l'autre côté, Adriana possède une maison, je ne sais pas depuis quand ni comment. Mais je crois comprendre que ça remonte à avant 98, avant les touristes, peut-être que ses parents étaient pêcheurs ici. Elle affirme qu'il en reste. Je ne les ai pas vus. Pourront-ils faire très long feu s'ils ne deviennent pas eux aussi mobilier de folklore touristique ? Adriana insiste: "Ici, tous les formateurs de l'école de surf sont des enfants qui ont grandit sur place !" Je regarde ces dizaines de chauffeurs de camion qui tirent de toutes leurs forces sur leur volant sans direction assistée pour trimballer les touristes par grappes de vingt. Je regarde ces femmes qui servent des empanadas, des tortas fritas, vendent des paréos et des bibelots artisanaux. Adriana a l'air heureuse de vivre ici, et c'est vrai que malgré le défilé des touristes, ces petites cabanes colorées hélées par les lions de mer tous proches, et le tout ensemble battu par le vent, c'est très beau.

Je lui pose une question sur la politique du nouveau président Mujica. Elle fait la grimace: "C'est terrible ce qui se passe : il fait le contraire de ce qu'il paraît, il est en train de tout foutre en l'air. Ici, ils veulent faire un port en eau profonde et creuser une fosse pour l'exportation des eucalyptus, il faut lutter contre ça". Les eucalyptus, j'ai de plus en plus l'impression que c'est une calamité locale : sur notre route, j'ai d'abord été été charmée par ces forêts interminables. De très grands arbres qui perdent leurs écorces avec la chaleur et sont coiffés de pompons sombres. Mais le malaise a grandi en comprenant qu'il ne poussait partout qu'une seule variété d'arbre. Ils ont une pousse hyper rapide et ont été importés d'Australie. Leur exploitation est industrielle pour la fabrication de cellulose (pâte à papier).

C'est sûr: la côte est en train de se transformer.


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