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BFEG/LGBT: pas de mandat officiel

Sylvie Durrer, directrice du Bureau fédéral de l'égalité entre femmes et hommes (BFEG) répond aux questions de l'émiliE à propos de la lente progression de la Suisse en matière d'égalité et de l'absence de mandat officiel pour sortir son champ d'action des seules catégories homme/femme.


La Suisse présente les rapports 4 et 5 relatifs à l'application de la convention CEDEF. Où en est-on?
Au cours de l’été, un avant-projet a été soumis à une large consultation au plan fédéral et cantonal, à l’issue de laquelle le rapport définitif a pu être finalisé. Le Conseil fédéral adressera ce rapport au comité CEDEF d'ici à la fin de l'année. Ce rapport sera rendu alors public et toutes les organisations ou personnes intéressées pourront en prendre connaissance.
 
Quelles sont les étapes suivantes?
Le comité CEDEF procédera ensuite à son examen, en se basant aussi sur les prises de position des organisations non gouvernementales. Enfin, une audition aura lieu probablement en 2016, qui permettra au comité CEDEF d'avoir un échange direct avec des représentant-e-s du gouvernement et de demander des compléments d'information. A l'issue de cette audition, le comité fera état de son appréciation de la situation et livrera des recommandations sur les points à améliorer.
 
Inclure les hommes dans la marche vers l'égalité, est-ce toujours l'une de vos préoccupations?
L'égalité est un enjeu social, économique et politique, qui concerne les deux sexes. Il est nécessaire que les hommes s’investissent plus fortement mais aussi soient intégrés dans ce processus. Le BFEG non seulement demande la mixité mais s’engage sur cette voie, d’une part en soutenant financièrement des projets émanant d’organisations masculines, portant par exemple sur la promotion du temps partiel ou des professions de l’éducation auprès des hommes. Par ailleurs, le pourcentage des hommes dans l’équipe du BFEG s’élève dorénavant à 30% (en EPT).
Le dossier prioritaire du BFEG reste toutefois la lutte contre l’inégalité salariale, problème qui impacte directement massivement les femmes, mais qui n’est pas sans effet sur l’ensemble de la famille, le cas échéant.
 
Pourquoi les discours des bureaux de l'égalité s'en tiennent-ils aux deux catégories de sexe? Pourquoi les autres ne sont-ils pas inclus-e-s?
La mission de chaque bureau repose sur des bases légales déterminées par les autorités exécutives et législatives. Les bases légales sur lesquelles repose l’action du BFEG ne mentionne que ces deux catégories de sexe.
 
Concernant la lutte contre les discriminations vécues par les personnes LGBT, à ce jour, en Suisse, deux bureaux ont reçu une mission dans ce domaine, celui de la Ville de Genève et celui de la Ville de Zurich. Toutefois, au vu de l’absence d’un organe fédéral traitant de ces thématiques, il est fréquent que le BFEG reçoivent des demandes concernant ce sujet. Nos possibilités d’actions dans ce domaine sont limitées. Il faut cependant souligner que les discriminations subies par les personnes transgenres dans la vie professionnelles en raison de leur identité sexuelle sont interdites par l’article 3 LEg et que les personnes LGBT sont dans une certaine mesure protégées par la LEg dans le cadre professionnel. En outre, les aides financières allouées par le BFEG (art. 14 LEg) peuvent concerner des projets portant sur le monde du travail, déposés par des associations de défense des personnes LGBT (voir à ce sujet notre FAQ ). Le domaine Violence domestique du BFEG peut aussi traiter des violences liées à l’identité de genre ou à l’orientation sexuelle dans le cadre domestique.
 
Sur ce point, la Commission Européenne contre le Racisme et l'Intolérance (ECRI) critique nommément le bureau fédéral de l'égalité. Que répondez-vous?
Il ne s’agit pas d’une critique. L’ECRI constate que le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes (article 16 LEg) n’a pas reçu le mandat officiel de s’engager en faveur des personnes LGBT. C’est pourquoi elle «recommande aux autorités d’adopter une législation complète pour lutter contre la discrimination pour les motifs de l’orientation sexuelle et de l’identité du genre et d’inclure ces motifs à l’article 261bis du Code pénal.» (http://www.coe.int/t/dghl/monitoring/ecri/Country-by-country/Switzerland/CHE-CbC-V-2014-039-FRE.pdf, paras 77 et 78). Toutefois, jusqu’ici, le Conseil fédéral et le Parlement ne sont pas entrés en matière sur de telles recommandations, considérant que la Suisse dispose des instruments nécessaires. Une étude sur l’accès à la justice actuellement en cours doit permettre de vérifier ce point.

Le dernier rapport du Forum économique mondial (WEF) rétrograde la Suisse de deux places en matière d'égalité. Est-ce un échec pour vos services?
C’est une mise en garde pour la Suisse dans son ensemble. Ce ranking établi par une organisation non étatique confirme des observations que nous faisons au quotidien. L’évolution vers l’égalité n’est pas encore acquise et le mouvement n’est pas irréversible. De tels rankings doivent donc encourager les pouvoirs publics mais aussi la société civile à accroître leur engagement. Si les choses se sont améliorées, c’est parce que des gouvernements, des associations ou des entreprises ont œuvré activement à la concrétisation de l’égalité, qui demande une vigilance constante. Il en va de l’intérêt de toutes et tous. C’est une question de justice mais aussi de bon fonctionnement social et économique.
 
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C. Dayer sur la diversité au travail

Les 28 et 29 novembre prochains ont lieu à Genève deux journées d’assises, intitulées «La diversité au travail : un enrichissement mutuel» à destination du monde économique et professionnel. Plénières, tables rondes, ateliers et témoignages présenteront les avantages qu’amène un milieu professionnel ouvert, bénéfique aussi bien aux employé.e.s qu’aux employeurs/employeuses. Caroline Dayer, enseignante-chercheuse à l’Université de Genève et membre du comité de pilotage des assises, en détaille le contenu.

l’émiliE : Pourquoi organiser ces assises concernant l'homophobie et la transphobie sur la thématique du travail en particulier?
Caroline Dayer : Ces assises s’inscrivent dans la continuité de celles portant sur l’éducation (2009) et de leur journée de suivi (2011). Organisées à nouveau par la Fédération genevoise des associations lgbt (lesbienne, gay, bi, trans*), en partenariat pour cette édition avec les associations professionnelles LWork et Network, la Haute Ecole de Travail social à Genève et le magazine Bilan, elles se focalisent effectivement sur les contextes professionnels. Cela renvoie au fait que dans l’architecture des discriminations au travail, le phénomène du placard s’articule à celui du plafond de fer et des parois de verres. L’objectif consiste donc à faire un état des lieux des formes d’homophobie et de transphobie au travail ainsi que des actions mises en œuvre pour enrayer les inégalités professionnelles et garantir des conditions de travail constructives et sereines.

Plafonds de fer, parois de verre, placards, vous pouvez préciser?
Le plafond réfère à l’éviction des femmes des postes élevés dans les hiérarchies (ségrégation verticale) et les parois à la concentration des femmes et des hommes dans différents secteurs (ségrégation horizontale). Le verre ou le fer illustrent les caractéristiques plus ou moins visibles, opaques et résistantes de ces obstacles. Cependant, faut-il pouvoir déjà «décoller» avant de s’y cogner dans un parcours professionnel. La métaphore du plancher collant permet ainsi de distinguer l’égalité d’accès de l’égalité de succès. Elle invite aussi à interroger les catégories «femmes», «hommes», «lgbt» qui ne sont pas homogènes. Ces personnes ne bénéficient pas des mêmes ressources - qu’elles soient économiques ou matérielles, sociales ou culturelles - et les inégalités (re)produites par le système de genre ne sont pas isolées d’autres formes de discriminations telles que le racisme ou le classisme par exemple. Le placard quant à lui renvoie à la crainte pour les personnes lgbt de faire leurs coming out au travail, qui constitue encore un solide bastion à affronter pour ces dernières. De la peur de la dévalorisation ou du licenciement aux railleries hétérosexistes, des violences physiques au harcèlement moral, l’homophobie et la transphobie se déclinent de manière plus ou moins directe et explicite. Le spectre de l’injure trace une cartographie mouvante qui dicte ce qu’il est souhaitable d’exprimer ou de réprimer, se module selon les contextes et se réitère de nouvelles interactions. L’impossibilité d’être soi ainsi que les expériences de discrimination au travail ont des répercussions sur la socialisation professionnelle, le déploiement des compétences et le climat de travail.

A qui s'adressent ces journées?
Ces assises s’adressent à l’ensemble des acteurs et actrices du monde du travail ainsi qu’à toute personne intéressée par ces questions. Elles concernent plus particulièrement les responsables des ressources humaines, les directions, les chef.fe.s d’entreprise, les institutions publiques, les chargé.e.s de formation professionnelle ou de questions de diversité, les médiateurs et médiatrices, les syndicats, les associations, tout.e employé.e. 

Comment amener le secteur privé à changer ses pratiques en la matière?
En fait des projets très proactifs viennent notamment du secteur privé et seront présentés lors des assises. Différents exemples émergent du privé ou du public, que ce soit à travers la création de directives ou la signature de chartes, l’élaboration de réseaux et de programmes, une communication interne et externe, une réflexion sur les types de  management favorisant le respect et le bien-être au travail. Si la diversité est envisagée comme un atout en termes professionnels, l’enjeu réside à mettre en discussion les écueils et les pistes qui s’en dégagent. Et le défi crucial renvoie à la mise en œuvre de fond et durable de telles actions ainsi que de leur accompagnement. Ce point ne concerne pas uniquement le secteur privé et les regards croisés réunis lors de ces assises visent précisément à mettre en perspective les parallèles et les spécificités de différents domaines.

Qu'en attendez-vous?
La complémentarité des interventions vise à décrypter les mécanismes de discrimination dans le monde professionnel et plus particulièrement ceux qui se fondent sur des dimensions basées sur le sexe, le genre et/ou la sexualité. Faire le point sur les formes d’homophobie et de transphobie au travail permet de décrypter les besoins spécifiques des personnes concernées (les lettres l, g, b et t* se déclinent différemment sous certains aspects) et de mettre en évidence que la police homophobe et transphobe ne vise pas uniquement les individus qui se définissent comme lgbt mais sanctionne toute personne qui transgresse les codes socialement construits. Dans ce sens, des pistes d’action vers davantage d’égalité seront discutées ainsi que des pratiques bénéfiques pour l’ensemble des travailleurs et travailleuses, adaptables en fonction des contextes (la réalisation de différents documents et projets suivra ces assises). Il s’agit également de façon plus générale d’interroger le travail dans nos sociétés contemporaines en questionnant les tensions entre inégalités professionnelles et justice sociale, les sphères dites privées et publiques, l’articulation de discriminations pour certaines personnes, les enjeux de la souffrance et de la reconnaissance au travail.



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Salope, la controverse

Salope ! c’est le titre du livre de Coline de Senarclens, membre de Slutwalk Suisse. Provocateur, l’ouvrage n’a pas manqué de faire réagir jusqu’au sein de la rédaction, divisée à son sujet. Par ailleurs, des universitaires, des associations et des militant-e-s ont critiqué la posture générale et certaines questions de fond liées au post-colonialisme, au classisme et à l’hétérosexisme que soulèvent ce livre. Beaucoup ont souligné qu’il ne suffisait pas de parler de personnes racialisées ou LGBTQI pour éviter tout dérapage raciste ou hétérosexiste. Il semble en outre que l’auteure confonde rôle de genre et expression de genre. Autre reproche souvent entendu : Retourner une norme ne la renverse pas. Bien au contraire, juste retourner ou incarner une Salope renforce le système et empêche de sortir de cette logique. Bref d’un côté, il lui est reproché la légèreté du propos et son inconséquence, de l’autre ses soutiens louent sa fraîcheur et le courage qu’elle a de s’exposer. Pour y voir plus clair, l’émiliE est allée lui poser quelques questions.


l’émiliE : Le slutshaming, c’est quoi exactement ?
Coline de Senarclens : C’est une forme de stigmatisation et un outil de contrôle du comportement féminin, un outil coercitif qui permet aux dominants de placer l’autre dans des catégories subalternes, en l’occurrence les femmes et les hommes homosexuels.

Vous vous dites «survivante» du slutshaming, ce n’est pas un peu excessif ?
Oui et non. En l’occurrence, je n’ai pas été victime de violences physiques. Le terme survivante est utilisé pour éviter de parler de victime. Le slutshaming c’est une violence : on peut la banaliser ou pas. J’ai fait le choix dans mon livre de ne pas la banaliser et si j’emprunte ce terme de survivante c’est pour dire «je suis passée par quelque chose que je n’ai pas voulu, je l’ai surmonté et aujourd’hui j’utilise ce vécu pour militer».

Dans votre livre, vous évoquez les certificats de bonne vie et mœurs. Qu’est-ce que c’est ? Et qui les décerne ?
C’est la police qui les décerne. J’ai beaucoup étudié les certificats de bonne vie et mœurs dans le cadre de mon travail de mémoire sur la prostitution. Avant 1985, les prostituées ne pouvaient pas l’obtenir, de même que les homosexuels notoires. Ce certificat est basé sur la moralité, sur la réputation, une façon de trier le bon grain de l’ivraie et d’inscrire noir sur blanc la réputation des citoyens, et donc certain-e-s dans la marge.

Et ça existe encore aujourd’hui ?
Oui absolument, et le texte me semble assez comique «Le certificat peut être refusé à celui dont l’honorabilité peut être déniée avec certitude (…) notamment pour ivrognerie ou toxicomanie, ou encore s’il s’agit d’un failli inexcusable.» Aujourd’hui, les travailleuses et travailleurs du sexe peuvent l’obtenir. Mais il était intéressant de noter que ce certificat opérait une sélection entre femmes de première et de seconde zone… Le travail du sexe prive de bonne réputation. C’est une forme officielle de stigmatisation.

Que dit-il ce certificat ?
«Est présumé-e de bonne réputation». J’en ai demandé un pour pouvoir travailler dans des écoles.

Dans votre livre, vous affirmez que «les pauvres et les étrangers ne sont pas sexistes par nature», qu’entendez-vous par là ?
La phrase est provocative, parce qu’on entend tellement ce genre de discours absurde ! On entend que le slutshaming est un problème d’étrangers. Evidemment non. A mon sens, il faut croiser la réflexion : la salope, la fille voilée et le mec des cités souffrent tout-e-s de stigmas qui les marginalisent de manière assez similaire. Au final, ça sert qui ? L’homme blanc hétéro qui maîtrise le système. J’ai essayé de voir comment on créait une sorte de norme du juste milieu. La mini-jupe et le voile sont deux symboles qui prêtent à la stigmatisation. Le triptyque casquette - mini-jupe - voile montre qu’on attaque tous les symboles qui ne collent pas à cette norme, selon une approche «sexe – race – classe». Quant au sexisme, il est toujours plus visible et surtout plus instrumentalisé quand il est le fait de jeunes des banlieues. Et des travaux ont montré que c’était aussi une réaction à un rejet social et au racisme, ce qui prête à retourner les approches racistes à ce sujet. Et le sexisme plus apparent chez les jeunes des banlieues est plus une réaction au racisme. S’il n’y avait pas de racisme à la base, il n’y aurait probablement pas cette forme de sexisme.

Vous l’analysez comme ça ?
Je n’ai pas l’expérience terrain pour l’analyser mais c’est une approche intéressante. Je considère que le sexisme est universel. Il est plus visible quand il est dans la rue et ceux qui sont dans la rue ce sont ceux qui n’ont pas d’autres choix d’être ailleurs. Et il est plus visible chez les jeunes. La valorisation de la virilité chez les mecs de 13 à 15 ans et les codes qui vont avec alimentent ce sexisme tape à l’œil. Est-ce que la domination que subissent ces groupes de jeunes en fait des porte-voix d’un sexisme social plus large ?

Pour vous, ils seraient instrumentalisés par les groupes dominants ?
C’est ce qui se passe actuellement avec le harcèlement de rue. On va pointer un sexisme visible, en mettant en scène les étrangers pour dire «le problème vient des étrangers». Ce n’est même pas forcément intentionnellement raciste mais ça permet de dire «c’est pas nous le problème, c’est les autres» .

C’est raciste…
Absolument. Ça participe du racisme ordinaire et politique. Ce qui me frappe c’est la vision qu’on a de la jeunesse. Le facteur racial est utilisé pour se distancier. Le prof blanc que je décris dans le livre qui estime que la casquette, le pantalon dans les chaussettes constituent des attitudes dangereuses et problématiques pour la société, crée cette distance et l’utilise.

Dans une interview, vous vous positionnez comme «femme universitaire théoriquement blindée». Pensez-vous qu’il faille avoir des diplômes pour être féministe ?
Ah non justement. C’est plutôt une auto-critique. Moi je peux me permettre d’être féministe, pour moi c’est facile d’utiliser les armes dont je dispose grâce à mes privilèges pour pouvoir écrire un bouquin, pour pouvoir me défendre dans une société où peut-être que je suis une femme, mais sur tous les autres plans, je suis plutôt dominante. Maintenant, ce que j’aimerais étudier, c’est comment toutes les femmes, notamment racialisées, de toutes les classes sociales peuvent se défendre et comment elles peuvent avoir accès aux outils pour le faire. J’ai étudié la militance des prostituées et typiquement on a affaire à une population très fragile, pour qui il est quasiment impossible de se mobiliser. Nous, on y parvient. Et pourquoi? Parce qu’on est blanches, parce qu’on est universitaires, parce qu’on est issues de milieux privilégiés…

Mais ne pensez-vous pas que les non-universitaires sur le terrain ne se mobilisent pas eux/elles aussi ?
Bien sûr qu’ils et elles se mobilisent, et heureusement. Mais ce que je trouve injuste c’est que je ressens clairement que notre discours passe mieux…

Dans les médias ?
Pas seulement. On est outillé-e-s grâce à nos privilèges pour défendre notre position face à des attaques tant au niveau théorique qu’au niveau de l’image et finalement on dérange pas beaucoup. On a beau s’appeler les Salopes, ça ne dérange pas. Pourquoi ?

Le contexte, le pays est particulier non ? Les salopes dans d’autres pays ne sont pas forcément universitaires et leurs actions sont aussi efficaces, ou bien ?
Franchement je l’espère, c’est plutôt de se dire comment faire pour que tout le monde ait les outils pour se défendre. C’est du féminisme transversal et je suis inspirée par le black feminism. Check your privilege. Je ne dis pas «regardez, moi je le fais tout le monde peut le faire».

Selon vous, est-ce qu’il existe d’autres outils que le savoir universitaire pour militer ?
Oui probablement. Aux Etats-Unis, les groupes de féministes noires déchirent aussi mais elles n’ont pas accès aux mêmes ressources et leur discours reçoit moins de légitimité de la part de la population blanche parce qu’on les renvoie systématiquement à leur classe sociale et à leur race.

Dans votre livre, vous comparez les réseaux sociaux aux couloirs des écoles…
Le réseau social amplifie le sexisme mais l’origine n’est pas forcément sur la plateforme sociale. Le sexisme est partout. Les deux sphères s’imbriquent et se confondent. L’institution scolaire doit prendre ses responsabilités face à ça et doit considérer que le réseau social est une extension de l’école. Qui subit majoritairement du harcèlement sur les réseaux sociaux ? Les filles. Et là, personne n’est outillé pour intervenir.

Les éducateurs-trices et les responsables politiques sont-ils coupé-e-s des jeunes parce qu’ils/elles ne vont pas sur les réseaux sociaux ?
Ils n’y vont pas. J’ai parlé avec des personnes du DIP, depuis que nous avons entamé cette réflexion sur le cyberharcèlement, du slutshaming qui est une problématique sexiste qu’il faut traiter comme telle et non pas comme une problématique individuelle, mais nous nous sommes heurtées au fait qu’actuellement, il n’y a pas d’ouverture sur cette question. Les membres du corps enseignant ne sont pas formés et pas encouragés (voir clairement dissuadés) de se rendre sur les réseaux. Je comprends, ce n’est pas aux instits ou aux directeurs de collèges de gérer les relations des élèves sur le réseau social mais clairement il faut une réflexion autour. Je prends clairement position sur ce point.

Et que dites-vous aux féministes radicales qui auraient pu vous critiquer sur la forme et le fond ?
Discuter avec certaines féministes radicales est parfois difficile. Surtout sur les réseaux sociaux, on campe sur nos positions, c’est souvent stérile. Notre position c’est que certes on se réapproprie le stigma mais surtout, on le dénonce et comment dénoncer sans dire le mot ? Et on rallie des des femmes stigmatisées et dont la forme spécifique de stigmatisation a tendance à isoler. On ôte aussi le monopole de l’usage du mot «salope» aux agresseurs et on le défonce. La raison pour laquelle on s’appelle des Salopes c’est parce qu’on n’y croit pas, on sait que c’est vide. Mais c’est une position claire, du point de vue féministe.

Pour débattre en direct : un lancement à Lausanne aura lieu samedi 22 novembre dès 19h au Cinéma Bellevaux, Aloys-Fauquez 4.

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