updated 6:51 PM CEST, Jun 27, 2017

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genre&féminismes

Et la prostitution masculine?

 

La prostitution, telle qu’elle est évoquée dans la plupart des débats actuels, c’est la relation tarifée entre un homme et une femme. Cette vision révèle tout le sexisme et l’hétérosexisme de la société. Quid de la prostitution masculine ? Elle existe pourtant depuis des lustres et les archives, notamment celles de la Commission cantonale vaudoise d’internement administratif, nous donne une idée de cette réalité.

Bien qu’il soit difficile de généraliser, quelques cas de prostitution masculine ont été examinés dans le cadre de l’arrêté sur l’internement administratif d’éléments dangereux pour la société. Ces prostitués hommes étaient par ailleurs identifiés – mais ils n’étaient pas internés pour cette raison – comme des homosexuels, il faut revenir sur la pénalisation de l’homosexualité au début du XXe siècle. Comment la prostitution masculine et l’homosexualité masculine ont-elles été traitées en Suisse dans le Code pénal ? Ce dernier, entré en vigueur en 1942, dépénalise partiellement l’homosexualité tout en mettant en place une exigence d’invisibiliation ce qui est aussi le cas du Code pénal vaudois de 1932, dans l’article 186. Si l’homosexualité est partiellement dépénalisée en 1942 la prostitution des hommes, elle, est clairement condamnée. Cette semi-dépénalisation de l’homosexualité pose certaines limites : certains actes restent condamnés par les autorités. Ainsi, les enfants et adolescents sont protégés des «actes contre-nature» par le Code pénal suisse de 1942 et le sont, auparavant, par le Code pénal vaudois de 1932 dans son article 186.

Le cas de Jules Nara (nom anonymisé, ndlr) est à cet égard emblématique. Selon le rapport de renseignement du 19 novembre 1939 Jules Nara, 37 ans, est «sans profession avouable» et «pédéraste notoire». Dès ses 16 ans, Jules Nara est catalogué par la police comme quelqu’un d’excentrique par son allure et les personnes qu’il fréquente. La police parle d’ailleurs de «mœurs équivoques». Son cas est d’abord considéré comme médical durant sa jeunesse puisqu’il est interné à l’asile de Cery. Il est très intéressant de lire ce que le rapport consacre au corps de Jules Nara. Ce dernier est considéré comme féminisé. Ainsi, Jules Nara porte des vêtements efféminés (ces derniers sont décrits de manière très détaillée) et fait preuve d’un soin de soi qui passe par l’épilation et un visage rasé. Ce sont des comportements qui semblent ne pas tromper. En effet, le policier assimile immédiatement ces signes aux femmes et aux «invertis». Ce n’est pas seulement l’homosexualité qui dérange la police. Ce sont également les clients de Jules Nara qui posent problème. Ceux-ci sont des pères de famille. En acceptant des relations rémunérées avec eux, il met en danger la structure familiale de la société. Jules Nara est dénoncé pour prostitution mais aussi pour mise en danger d’autrui et un internement de trois ans est proposé. C’est le 1er décembre 1939 que la Commission d’internement administratif examine le cas et ordonne un internement pour 18 mois. Elle abandonne cependant l’accusation de danger pour autrui au profit de l’accusation de soutien à la prostitution.

L’histoire de cet homme ne se termine pas là. Les archives ont conservé un rapport du Conseil de surveillance de la colonie d’Orbe daté du 8 novembre 1940. Il y est qualifié de «colon modèle» qui ne pose aucun problèmes et qui fait son travail au mieux de ses capacités. Mieux encore, les surveillants n’ont eu aucun problème avec ses «mœurs spéciales» pour la simple raison que celui-ci reste à distance de ses camarades. Le Conseil de surveillance de la colonie écrit pour demander sa mise en liberté. Cette lettre est très intéressante puisqu’elle montre une bienveillance importante de la part des autorités de la colonie d’Orbe envers Jules Nara. Ce dernier annonce ne pas vouloir changer de comportement. Cependant, il accepte d’être, dorénavant, plus discret. Il choisit de s’invisibiliser en échange de la liberté. Ce qui est l’un des buts du Code pénal suisse de 1942. Mais le chef du Département de justice et police refuse cette libération anticipée le 19 décembre 1940. Cette histoire se termine tragiquement puisque Jules Nara meurt à 38 ans moins d’un an plus tard après sa libération.

La lecture des archives de la Commission d’internement administratif montre que, dès qu’il s’agit de prostitution, les hommes comme les femmes sont jugés sur leur commerce tarifé, sur leur tenue et leur comportement. Mais, tandis que les femmes sont stigmatisées pour leur indécence, les hommes homosexuels sont critiqués pour leur féminisation. Ce qui pose problème chez l’une est son absence de pudeur tandis que chez l’autre c’est la transgression de genre et de norme sexuelle. Il y a une différence d’approche dans la condamnation de la prostitution qui est liée à la différence homme/femme à l’œuvre dans la société. Le caractère de publicité dans la rue est aussi un motif de condamnation chez les deux sexes. Ce qui compte semble être l’invisibilité d’une pratique honteuse ou d’un comportement «spécial».

Même si les cas examinés dans le cadre de la commission sont rares, ils brisent un schéma : celui qui lie la prostitution exclusivement aux femmes. Cela met à jour aussi un cadre judiciaire de dépénalisation en échange d’une invisibilisation. Il y a là non seulement une incompréhension totale de l’homosexualité, mais également une conception extrêmement normée de la masculinité avec cette obligation de virilité.

 


Plus d’info dans les ouvrages suivants :

Delessert Thierry et Vögtli Michaël, Homosexualités masculines en Suisse.

Delessert Thierry, Les homosexuels sont un danger absolu.

 

 

 

Buzzons contre le sexisme, saison 3

Pour la troisième année consécutive, teledebout.org lance son concours de vidéos féministes qui s'adresse aux 10-25 ans. Dès l'origine, la plateforme est prise d'assaut et les créations rivalisent d'originalité et d'engagement. A l'évidence, l'idée fait mouche, les jeunes se mobilisent. Josefine Ajdelbaum et Barbara Wolman,  vidéastes et coordinatrices du concours, expliquent les raisons de ce succés.

 

l'émiliE: D’où est venue l’idée du concours “Buzzons contre le sexisme”?

Josefine Ajdelbaum et Barbara Wolman: En 2010 nous avons lancé une téléweb féministe pédagogique www.teledebout.org, notre slogan était «le féminisme en images pour tous les âges» nous voulions créer un espace vidéo où toutes les générations échangeraient à travers les images. Il nous fallait alors mettre des actes à nos paroles, afin que les jeunes s’emparent aussi de cette téléweb, nous avons donc eu l’idée de créer un concours vidéo jeunesse...

 

Avec 650 participant-e-s, on peut parler de succès, non? Cela vous a-t-il surprises? Comment l’analysez-vous?

Oui, nous avons été surprises, dés la première édition (nous en sommes à la saison 3), le concours à très bien marché. Ce sont beaucoup les profs, les animatrices-teurs et éducateurs-trices qui ont inscrit leur groupe, et quelques jeunes en autonomes. Nous sommes dans un monde où les images ont une énorme place, les jeunes sont né-e-s dans cet univers multimédias. Le concours permet de les motiver vers une "parole réfléchie créative et agissante" contre le sexisme et d’aider les équipes pédagogiques (et parents) à aborder ces questions. Les mots ont besoin d’être incarnés pour avoir un impact réel sur nos consciences et nos actes, et faire un film est un excellent moyen pour cela !

 

Vous attirez un public suisse, paraît-il...

Oui nous avons eu un petit groupe de filles suisses l’année dernière ! Nous adorerions que le concours deviennent plus international, précisément parce que le sexisme est un problème mondial, c’est intéressant de voir des points de vue de partout, et les différences éventuelles… DONC oui, public suisse, inscrivez-vous vite !

 

Quel prix remportent les lauréat-e-s?

Du matériel vidéo (caméra, micros…etc), des livres, des DVDs ayant à voir avec la thématique du concours bien sûr.

 

Votre jury compte du beau monde (Christine Bard, Geneviève Fraisse, Catherine Vidal entre autres). Sur quels critères juge-t-il les vidéos?

Oui, un jury que nous remercions chaleureusement d’ailleurs, car les membres du jury prennent cela très au sérieux et c’est un gros boulot, mais elles sont toujours ravies et impressionnées des vidéos envoyées. Les principaux critères sont bien évidemment le traitement de la thématique, mettre en lumière les stéréotypes sexistes, et les violences faites aux femmes et aux filles, proposer des idées pour changer les choses et être attentives/tifs, à ne pas véhiculer des stéréotypes sexistes dans les vidéos, ce qui n’est pas toujours évident, et sur la forme, essayer de lier un discours engagé à une forme créative.

 

Que retenez-vous de l’engagement de ces jeunes filles?

Le concours est mixte, alors il est difficile d’évaluer la différence d’engagement des filles et des garçons, même si c’est une des questions que nous posons dans notre questionnaire de bilan final aux équipes. Mais il est certain que pour les filles, c’est extrêmement important de voir que les violences et les stéréotypes qu’elles subissent sont enfin pris au sérieux, que leur colère, qu’elles n’osent souvent pas exprimer, car toujours minimisée ou ridiculisée, est légitime, et que c’est justement la thématique du concours. C’est un de nos objectifs premiers : que la parole se libère et que les filles soient prises au sérieux. Le concours fait aussi du bien parmi les garçons, à ceux qui refusent le rôle stéréotypé qu’on veut leur attribuer. Et visiblement, au vue des réflexions que nous entendons lors des remises des prix, cela fait réfléchir tout le monde, y compris les parents, qui sont forcément embringués dans ce tourbillon, car faire un film ce n’est pas rien !

Pour s'inscrire, c'est ici

Le succès de "je connais un violeur"



   

« Je connais un violeur »   un titre percutant pour un Tumblr efficace. Depuis sa création le 31 août dernier, plus de 1000 témoignages ont été postés sur ce  Tumblr, qui permet aux victimes de viols de s'exprimer, en faisant le portrait de leur violeur. Et les témoignages ne cessent d'affluer au fils des jours. À tel point que Pauline, militante féministe à l'origine du Tumblr, a dû demander de l'aide pour la modération et malgré cela, des centaines de messages sont en attente de traitement. Ce triste succès montre un véritable besoin de la part des victimes de s'exprimer sur le sujet.

Pour la psychiatre Muriel Salmona, auteure du Livre noir des violences sexuelles, «Ce partage est en soi thérapeutique. (…) quel soulagement pour ces victimes de savoir qu'elles ne sont pas les seules à n'avoir pas pu parler, qu'elles ne sont pas les seules à être confrontées à l'incrédulité de leur entourage, à avoir tout oublié pendant des années, à avoir des doutes.» Dans un article paru sur le Plus du nouvel Obs, la psychiatre souligne l'utilité de cette initiative. 

«Je voulais montrer que le violeur n'est pas le type louche qui se terre dans un parking ou au coin d'une ruelle», souligne Pauline, militante féministe à l'origine du Tumblr. Au fil des témoignages anonymes, on découvre avec effroi les différents portraits du violeur, faits par sa victime. En effet, les statistiques nous rappellent que dans 80 % des viols, l'agresseur est connu de la victime, et dans 67 % des cas, le viol a lieu au domicile de la victime ou de l'agresseur. De témoignage en témoignage, le profil de l'agresseur se dessine. Chaque année, 75'000 femmes adultes seraient victimes de viol en France, mais moins de 10 % des viols mènent à une plainte et on estime que seulement 2 % des violeurs sont condamnés.
   

Photo DR


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