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genre&féminismes

Le sexisme pour les nul-le-s

 


Il est bon parfois de lorgner vers le Québec, qui regorge d’initiatives inspirantes en faveur de l’égalité femmes-hommes. L’une des dernières en date vient de l'association féministe "Y des femmes" de Montréal qui a décidé de s'attaquer au sexisme de manière pédagogique. Quatre capsules vidéo réalisées par Ève Lamont (à qui l'on doit le documentaire L'imposture sur la prostitution) sont nourries de témoignages d'enfants et de parents. Leurs paroles sont mises en perspective avec les explications de sociologues et de sexologues qui interrogent la construction des rôles sociaux féminins et masculins dès le plus jeune âge et la sexualisation de la société, notamment à travers les réseaux sociaux, les médias ou la publicité. Ne se contentant pas de faire le constat du sexisme et de l'hypersexualisation des jeunes et en particulier des filles, une vidéo livre aussi des pistes pour changer les mentalités. Des outils indispensables pour les parents, les enseignants et toute personne soucieuse de former des adultes de demain libres de leurs choix, bien dans leurs baskets ou leurs sandalettes.
Toutes les capsules sont disponibles gratuitement ici . La capsule n°1 est visible sur le site de l'émiliE en page d'accueil.

Image: capture d'écran de la capsule 1 Qu'est-ce que la socialisation sexiste?

Un esprit sain dans un corps libéré

Alors que l’obésité semble de plus en plus préoccuper les autorités publiques et médicales, des mouvements émergent pour lutter contre les discriminations qui frappent les gros-se-s et décloisonner les normes dominantes du "corps valide". C’est l’objectif du "militantisme gros" qui a, depuis septembre 2012, son groupe en Belgique : Fat Positivity Belgium.

Leurs fesses ont tout juste trouvé leur place sur la chaise du restaurant où nous nous rencontrons. Elles le racontent sans honte. Catherine Wallemacq et Charline Herbin sont grosses, l’assument et le revendiquent. Elles font partie des membres de Fat Positivity Belgium, un groupe de parole et de réflexion qui lutte contre la stigmatisation de la grosseur. Des discriminations dont elles sont victimes au quotidien, à travers notamment le manque d’accessibilité des lieux publics, l’offre limitée de vêtements à leur taille dans les magasins ou encore les clichés ressassés dans les médias et l’invisibilité des personnes grosses dans la culture…


Fat Positivity Belgium, né en septembre 2012, s’inscrit dans la mouvance du "fat activism", que l’on peut traduire par "militantisme gros". Ce courant est né aux États-Unis dans les années 70, une période marquée par l’émergence des mouvements émancipateurs féministes et antiracistes. À l’instar des Afro-Américains qui se réclament "blacks" ("noirs") comme dans le slogan "Black is Beautiful", les militantes revendiquent l’utilisation de l’adjectif "gros" : "On se réapproprie ce mot qui a été stigmatisé et on le politise. Selon nous, le mot "rondes" est un euphémisme qui implique l’idée que "grosses", c’est offensant. Gros, comme grand ou petit, est un descripteur neutre", expliquent Catherine Wallemacq et Charline Herbin.

Se libérer du discours médical
Le constat des "fat activistes" est simple : les gros et les grosses sont aujourd’hui stigmatisés. Pire, le discours "grossophobe", c’est-à-dire anti-gros, se généralise et s’installe insidieusement dans les esprits. Un gros qui fait du sport ? Impossible. Ou qui mange des légumes ? Peu probable… Ces idées sont tenaces dans l’imaginaire collectif. Chez Fat Positivity, le surpoids et l’obésité sont des mots totalement rejetés. "Ils renvoient au monde médical, avec qui nous avons une histoire compliquée, justifie Catherine. La médecine exerce un pouvoir sur les corps, et particulièrement sur le corps des femmes. La science n’est jamais neutre." Et les gros sont spécifiquement ciblés dans les discours médicaux : hors normes, ils sont forcément malades.


À travers la lutte contre l’obésité et les études alarmistes qui remplissent souvent les pages des journaux, une oppression sournoise s’exerce sur les personnes grosses. "Les études qui sortent dans la presse présentent des biais problématiques. Les chercheurs peuvent avoir des connexions avec le monde du régime, explique Charline, qui rejette les raccourcis établis par le monde médical. Dans la tête des médecins comme dans l’imaginaire collectif, la grosseur est automatiquement reliée à une mauvaise santé. Or, il y a d’autres facteurs dont il faut tenir compte : le stress, la discrimination envers les gros ont aussi un impact sur la santé." Et de dénoncer la pression permanente qui pèse sur eux : "On nous répète à longueur de journée : "Ça ne dépend que de toi !" Notre grosseur est considérée comme un état forcément transitoire. L’idée demeure qu’on peut s’accepter mais que, quand même, on doit faire régime." Face à la culpabilisation et à la moralisation constantes qu’elles subissent de la part du monde médical ou de ceux qui s’improvisent experts en santé, les fat activistes insistent : "On n’a pas à se défendre. Il n’y a pas de mauvais corps. Et même si on est en mauvaise santé, personne n’a le droit de nous discriminer ou d’exercer un pouvoir sur notre corps."

Déjouer les standards
Parce qu’il met en lumière les diktats de beauté pesant sur les femmes, le fat activisme présente une filiation évidente avec le féminisme. "La peur de grossir touche toutes les femmes qui sont victimes de l’industrie du régime mais aussi du regard masculin sur leur corps et sur leur beauté. On fait toutes les frais de la grossophobie", explique Catherine. Dans ce sens, le genre est en lien avec l’oppression de la grosseur. "L’idée préside dans nos sociétés que les femmes doivent occuper le moins de place possible, cela se manifeste par exemple dans la façon dont elles doivent s’asseoir. Être grosse, occuper de l'espace, peut donc être vu comme un acte de rébellion, avance Catherine. La beauté reste construite en fonction du regard des hommes. Les personnes très minces d’ailleurs endurent aussi des remarques ou sont considérées comme n’étant pas de "vraies" femmes."
Dans une optique de diversité, le fat activisme veut faire sauter les verrous qui enferment tous les corps. C’est pourquoi il est aussi connecté aux militantismes "trans" et "handi" (qui dénoncent les discriminations subies par les personnes transsexuelles pour le premier et handicapées pour le second). "Tous ces mouvements questionnent les normes du corps et remettent en cause l’obligation d’avoir un corps "valide", "normal", tel que défini par la société", poursuit Catherine. Il n’est donc pas étonnant que les fat activistes apprécient le "new burlesque". Ce mouvement artistique et féministe né aux États-Unis dans les années 90 propose des performances scéniques de strip-tease aux contours très politiques. En mettant à nu tous les corps quels qu’ils soient – transgenres, handicapé-e-s, gros-ses –, il vise à dénoncer les diktats de la beauté qui étouffent les personnes hors normes. "Contrairement au "burlesque" à la mode aujourd’hui – qui remet au goût du jour les femmes traditionnelles pulpeuses des années 50 –, le "new burlesque" apporte une vraie subversion des standards", se réjouit Catherine Wallemacq.

Sortir de l’invisibilité
Au-delà de ces expériences singulières, la diversité peine à percer aujourd’hui et les grosses demeurent cachées. Mais depuis quelques années, certaines sortent du bois. Sur le web notamment, elles revendiquent une place, détricotent les clichés et montrent tout simplement qu’elles aiment leur corps. Il peut s’agir de blogs recensant des conseils mode et partageant des bons filons pour trouver des vêtements adaptés, mais aussi de sites qui compilent des photos ou publient des témoignages relatifs au "fatshaming" (littéralement "rendre les gros honteux"). Ces espaces de partage, qu’ils soient virtuels ou bien concrets comme chez Fat Positivity, permettent aux femmes de se rendre visibles, existantes et puissantes aux yeux de la société qui est, elle, bien trop étriquée.

Illustration © Aline Rolis

Cet article a été publié à l'origine dans le mensuel féministe belge axelle de juin 2014. Plus d'infos sur le site http://www.axellemag.be/fr/

Transfashion, tout se transforme

 

 


l’émiliE a relevé le défi d’organiser un défilé transféministe. Des artistes se sont mobilisé-e-s pour concevoir des collections pas comme les autres. Un exercice de style avec des contraintes précises visant à interroger le genre et à créer dans une perspective durable. Une  performance artistique critique. Un moment rare.


Les modes sont de toutes sortes, intellectuelles ou matérielles. Elles concernent aussi bien les objets que la culture et procèdent d’une même logique sociale : marquage social, construction identitaire, différenciation, imitation, intégration, domination. LA mode, celle des vêtements, est devenue un phénomène d’une ampleur sans précédent depuis une vingtaine d’années au point que les centres de nos villes se sont transformés en friperies plus ou moins haut-de-gamme : à chaque artère, sa ribambelle d’enseignes de fringues. Avec pour point de départ, le podium, véritable piste d’envol des créations orchestrées par une industrie florissante qui génère tous les ans quelque 500 milliards de dollars et qui fascine en particulier les jeunes générations. A chaque saison, ces fashion weeks à Londres, Paris, New-York, Milan pour l’Occident, à Jakarta pour l’Orient mettent en scène une cohorte de mannequins ultra-normés qui défilent selon des codes stricts pour présenter des collections binaires homme/femme.


l’émiliE s’est demandé à quoi ressemblerait un défilé transféministe. Transféministe déjà, d’où ça sort ? Certain-e-s y voient un mouvement universel qui traverserait les probématiques féministes dans leur globalité s’éloignant du féminisme essentialiste d’origine. Pour d’autres, c’est l’alliance du mouvement trans et du post-féminisme. l’émiliE y voit la réponse politique face aux inégalités et aux violences de genre. Le transféminisme est une réponse globale, pas juste celle du groupe des femmes mais aussi celle des minorités, y compris celle des hommes n’adoptant pas le profil dominant. Et des intersexes. C’est une réponse à toutes les dominations et colonisations. On ne peut pas adopter une posture d’entre-soi essentialiste productrice d’exclusions. Entre humains, post-humains et transhumains, l’égalité reste à faire parce que les normes patriarcales archaïques toujours à l’oeuvre continuent de façonner la société. L’heure est à l’hybridation et le transféminisme est un outil de transformation sociale.


Et si les corps hormonés, les corps greffés, les corps appareillés (prothèses, implants, bracelets électroniques, puces, objets nomades type téléphone, lunette, GPS, casque MP3), les corps virtuels, les corps genrés, les corps métissés deviennent chaque jour plus nombreux, se pose alors la question de savoir si les hybrides sont en train de devenir la norme dominante ? N’est-ce pas le paradoxe de l’hybridation qui suit un processus de normativité sans cesse réinventé ?

Quel écho prendraient toutes ces interrogations dans un défilé de mode ? Au-delà de la déconstruction des codes et des injonctions que produit l’univers de la mode, que donnerait-il à voir ? D’autres corps, des collections en rupture avec la bicatégorisation homme/femme, d’autres matériaux, d’autres démarches sans logique financière ? Quelles valeurs transmettrait un tel événement ? Quelle fonction aurait-il ? Quel impact ?


C’est peut-être par là qu’il faut commencer, l’impact. Quand Annia Diviani, jeune étudiante à la Haute Ecole d’Art et de Design (HEAD) de Genève, est venue proposer à l’émliE son projet de défilé, nous avons d’abord pensé aux conséquences : pourquoi produire plus ? Transformons à partir de ce qui a déjà été produit. Et le cahier des charges s’est ainsi rempli petit à petit : les créateurs-trices qui participent s’engagent à utiliser des matériaux recyclés ou de seconde main. Autre impact humain, cette bicatégorisation archaïque autour du vêtement : aux designers participant-e-s sinon de la faire exploser du moins de la questionner en profondeur. Le vêtement n’est jamais neutre : il est socialement construit et genré. Sa signification contenue et apportée évolue selon les époques et les sociétés. Les exemples du pantalon et de la jupe sont à cet égard très révélateurs : tous les deux peuvent être symboles d’émancipation ou d’oppression.


Parce qu’au cœur du sujet, il y a le corps, celui des femmes qu’il faut contrôler, celui des personnes trans qu’il faut cacher. Comme le rappelle l’historienne Christine Bard, «rien n’est moins naturel que le corps de mode». Serait-il artifice ? Tout est bon pour vendre et la subversion fait partie des stratégies marketing des maisons de couture : on se souvient du scandale provoqué par le modèle transsexuel Léa T. posant nue, jambes écartées, pour le Vogue français. En 2011, Jean-Paul Gaultier fait défiler une mannequin pour sa collection femme qui marque les annales: il s’agit d’Andrej Pejic, un jeune Australien, qui a également posé pour de la lingerie féminine. De son côté, l’agence Ford a engagé Casey Legler, première femme à présenter les collections de mode masculine sur les podiums. Citons encore la revue espagnole Candy qui se définit comme the first transversal style magazine et qui transforme les personnalités qui posent pour ses photographes : après Tilda Swinton, Chloë Sevigny, James Franco, c’est au tour de Jared Leto d’apparaître jambes, bras, aisselles, sourcils épilés. Dédié aux cultures transgenres, Candy ouvre véritablement la voie à la diversité. Il ne s’agit plus juste d’ambiguïté mais de cross-gender et la Transfashion résistance étudiera cette réalité sous toutes ses coutures bien sûr. Pourquoi les performances et transgressions de genre qui traversent les cultures deviennent-elles des outils dans l’industrie de la mode ?

Photo Marianne Villere

 

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