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Sauvons les potiches italiennes!

Depuis 30 ans, les ''veline'', potiches cathodiques en petite tenue, subissent agressions verbales et humiliations. En 2008,  une jeune businesswoman, Lorella Zanardo, part seule en guerre contre ce phénomène. Son webdoc, Le Corps des Femmes, connaît immédiatement un immense succès populaire. Rencontre avec une réalisatrice engagée.

 

Quel a été le déclic pour commencer la réalisation de ce webdoc ?

L'idée de ce documentaire m'est venue en décembre 2008.  Je venais de rentrer en Italie après plusieurs années à l'étranger lorsque je suis passée par hasard devant une télévision allumée. J'y ai vu une femme d'une vingtaine d'années, à quatre pattes, enfermée dans une boîte en plexiglas servant de table aux invités.  C'est à ce moment que je me suis dit qu'il fallait agir.

J'ai contacté deux amis qui travaillent dans l'audiovisuel et nous avons décidé de consacrer nos vacances de Noël à regarder la télévision pendant 10 à 12 heures par jour. Nous avons ainsi enregistré 400 heures de divertissements populaires pour en extraire des images de la femme telle qu’elle apparaît sur les chaînes italiennes, qu'il s'agisse de la RAI ou de Mediaset.

A partir de ce matériel (auquel se sont ajoutées quelques archives de la télévision italienne), j'ai écrit un texte, né dans la douleur plus que dans l'indignation. Ces heures et ces heures de visionnage, la violence des images, tous ces corps de jeunes femmes refaits, aux poitrines démesurées, et ces visages de présentatrices plus âgées, boursouflés par la chirurgie esthétique… Je ne peux pas dire qu’elles ne m’aient pas affectées. A travers cette jeune veline en string, pendue à un crochet dans une cave d'affinage de jambons, c'est moi que je voyais, c'est moi qu'on attaquait.

 

Pourquoi, pendant 30 ans, aucune association féministe ne s'est manifestée contre la représentation déplorable de la femme à la télévision ?

Parce que cela ne les intéresse pas ! Depuis les années 70, les féministes italiennes appartiennent à ce que l'on désignerait en France comme «la gauche caviar», constituée d'intellectuels et donc, très éloignée des préoccupations populaires. Les féministes italiennes ne se préoccupent pas de télévision, elles ne la regardent pas. Selon moi, l'opposition politique et les intellectuels ont eu le tort de sous-estimer le pouvoir du petit écran.

Et puis, je crois que les gens s'étaient habitués à la présence de ces «veline». Quand un public voit des images de femmes objets depuis plus de 30 ans, il finit soit par y devenir insensible, soit par se ranger derrière un certain fatalisme. Combien de fois ai-je entendu : «Oui, la télévision italienne est ainsi. Et alors ? Cela a toujours était le cas !».

En fait, l'Italie est restée un pays profondément misogyne. Selon moi, Berlusconi et sa télévision n'ont fait qu'accentuer un phénomène, déjà bien ancré dans la société italienne. Les politiciens, même de gauche, sont très machistes. Et, il faut bien le dire, la religion catholique (majoritaire dans le pays) n'est pas une religion qui aide à l'émancipation des femmes.

 

Qu'est-ce qui a changé dans la société italienne depuis la diffusion de votre documentaire, déjà visionné par plus de 5,5 millions d'internautes ?

En Italie, nous ne parlions plus de féminisme depuis des années. Ce travail a eu le mérite de rendre conscientes les jeunes que tout n'était pas encore gagné dans ce domaine. Et elles ont commencé à se mobiliser. Le 13 février 2011, dans plusieurs villes du pays, du Nord au Sud, un million d'Italiennes sont ainsi descendues dans la rue, pour protester contre l'image de la femme à la télévision. Parmi elles, se trouvaient des jeunes filles, des mères, des grands-mères. Pour beaucoup, c'était leur première manifestation. 

Des jeunes femmes ont aussi envoyé des milliers et des milliers de mails aux entreprises dont les publicités étaient jugées sexistes [1].  Et elles ont obtenu gain de cause puisqu'une large part de ces publicités ont été, depuis, retirées de l'antenne.

Enfin, cette année, pour la première fois dans l'histoire de la télévision italienne, celles que l'on appelle les «vallette» (assistantes télé, comparables aux veline) étaient absentes de la retransmission très suivie du Festival de musique de San Remo. En 2012, l'émission avait choqué. Dans un show qui semblait dater des années 50, une jeune valletta rousse d'à peine 19 ans, faisait office de pot de fleurs, entre deux présentateurs vedettes assez âgés. De la pauvre petite, qui ne maîtrisait apparemment pas la langue, la caméra retiendra surtout sa forte poitrine, sur laquelle elle s'est attardée très longuement. Pour certaines jeunes téléspectatrices, c'en était trop. Spontanément, elles ont demandé à rencontrer la RAI qui a finalement accepté de retirer ces potiches de l’édition 2013.  

Aujourd'hui encore, pourtant, les veline restent présentes sur nos écrans. Alors, j'ai créé un mouvement Nuovi occhi per i media  («De nouveaux yeux pour les médias») qui apprend aux jeunes, dans les lycées, à décoder les images télévisuelles. Parce que, c'est en se dédiant aujourd'hui à ceux qui ont 15-20 ans, qu'on peut espérer, demain, le changement.

 



[1] voir le montage en ligne du collectif Le Vocianti (« les Criantes ») à cette adresse :  http://www.youtube.com/watchv=NexOTy8VYNw

 

« Je veux juste être Pinar Selek »

 

 

Pinar Selek, la sociologue turque en exil en France, qui vient d’être condamnée à perpétuité dans son pays revient sur son calvaire judiciaire. Epuisée psychologiquement et physiquement depuis ce dernier rebondissement, elle a accepté de se confier à l’émiliE.

l’émiliE : L’actualité judiciaire turque regorge de procédures iniques (Sevil Sevimli, les neuf avocats soupçonnés d’appartenir à l’extrême gauche…), parleriez-vous de dysfonctionnements de la justice ou d’un système qui arrange le pouvoir ?
Pinar Selek : Je dirais que c’est un système bien commode pour le pouvoir. Hélas ce n’est pas nouveau. Je viens d’une famille de juristes et nous avons vécu le coup d’Etat en 1980 : mon père, les intellectuel-le-s, les syndicalistes et de manière générale celles et ceux qui se sont opposé-e-s se sont retrouvé-e-s en prison, au total 500'000 personnes ont été arrêtées et 250'000 ont été inculpées. C’est clairement un système, un instrument de pouvoir.

Pour les partisans de la liberté, pour les féministes, les Kurdes, les Arméniens, les procès, les manifestations et la mobilisation qui les entourent deviennent des espaces de lutte, de confrontation au pouvoir dans son ensemble. Comme il y a chaque semaine de nouveaux procès très médiatisés, c’est l’occasion de se faire entendre. Il faut continuer le combat au niveau du système judiciaire car la justice en Turquie fonctionne comme un outil de pouvoir.

Ce qui est nouveau, c’est la promesse de démocratie faite par l’Etat, on a franchi une étape importante.

C’est une évolution ?
Oui, parce qu’avant on ne pouvait même pas parler ouvertement de la question kurde… En réalité, le changement n’a pas été très loin. La réforme du système ne s’est pas faite en profondeur.

Vous êtes accusée à tort d’un attentat. N’est-ce pas plutôt votre travail de sociologue et votre militantisme féministe qui sont visés ? Je pense notamment à vos recherches sur les minorités en marge, prostituées, travestis et surtout kurdes.
Oui, c’est à cause de mes recherches. Après un mois et demi de détention, comme je n’ai livré aucun nom, on m’a accusée de cet attentat. On m’a torturée et j’ai vécu les pires moments, mais j’ai tenu bon. Surtout je n’ai cessé d’être une chercheuse libre même en prison. J’ai publié huit livres sur des thématiques taboues en Turquie. Je suis une activiste féministe anti-militariste et je l’assume. Autour de mon cas, il y a une symbolique énorme en termes de lutte. Je suis devenue un symbole de résistance. Ceux qui m’ont arrêtée ont dit que j’étais une sorcière. Je n’ai pas choisi d’être un exemple, je veux juste être Pinar Selek… Mais mon combat aujourd’hui c’est de porter ce symbole.

Comment avez-vous accueilli ce nouveau verdict ?
Ce fut un choc. C’est la première fois que je suis condamnée. Il n’y a aucune preuve contre moi, c’est un processus illégal. Je pensais pouvoir rentrer chez moi, il me faudra encore attendre. Et encore lutter. Je dois dire que j’ai été très bien accueillie par le mouvement féministe. Une grande solidarité s’est organisée autour de moi, elle s’est aujourd’hui élargie aux universitaires et au-delà. Grâce à ce réseau, je ne suis pas seule.

La condamnation à perpétuité s’accompagne d’une mesure d’arrestation immédiate. Pensez-vous qu’une demande d’extradition sera déposée à votre encontre ?
Je ne sais pas bien. Le verdict n’est pas définitif avant la cassation.

Est-ce que cela signifie que votre histoire judiciaire peut encore durer des années?
Oui, soit ça dure, soit je suis définitivement acquittée.

La société turque a pourtant évolué ces quinze dernières années. Vous gardez espoir de revenir dans votre pays ?
Oui bien sûr, c’est grâce à l’espoir que je peux lutter. La solidarité autour de mon cas existe aussi en Turquie : par exemple, les étudiant-e-s sont venu-e-s en masse au procès. Il y a un forte mobilisation et je sais que nous allons gagner ce combat.
Lors du dernier procès, une cinquantaine d’avocats en robe étaient présents dans la salle d’audience pour vous soutenir.

Pensez-vous que votre cas devient un symbole susceptible de transformer la machine judiciaire turque ?
Les avocats étaient bien plus que 50.
Oui, les instances juridiques sont celles qui résistent le plus aux transformations. Je ne sais pas si mon cas fera évoluer quoi que ce soit, on attend le verdict de la cour de cassation. Il y a encore cette bataille décisive. Après on pourra mesurer l’influence de mon histoire.

Ce déni de justice s’est transformé en acharnement contre votre personne. Où trouvez-vous les ressources pour lutter ?
Je suis têtue, je suis féministe, j’aime la liberté, j’aime la vie, j’ai le respect de celle-ci, alors je résiste. Et puis l’élan de solidarité qui s’est créé autour de moi fait que je ne me sens pas seule. D’ailleurs je n’ai jamais eu de sentiment d’isolement. Et je ne passe pas mes journées à me lamenter sur mon sort, je fais beaucoup de choses : j’ai écrit un roman qui va bientôt être publié en français, je milite activement dans une association féministe-lesbienne à Strasbourg, je suis très bien intégrée ici, je poursuis mon travail de recherche…

Sur quoi porte votre thèse en France ?
Elle s’intitule Les interactions des mouvements sociaux en Turquie, j’étudie les effets des mouvements sociaux…

Vous parliez de vos enquêtes sur le terrain notamment celles de la rue Ülker en concluant par cette phrase «Et la vie, on ne peut si facilement en changer…». Vous le pensez vraiment ?
C’est bien d’essayer de changer même si ce n’est pas facile a priori. Essayer, c’est déjà changer quelque chose non ?
 
Photo DR
 

 

"Le conte de fée d'une mocheté"

C'est en ces termes que s'est exprimé, à propos de Nafissatou Diallo, Franck Tanguy, un des chroniqueurs de l'émission de RMC Les grandes gueules le 21 janvier. Hier, le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) a mis en demeure la radio pour les «propos injurieux, misogynes, attentatoires à la dignité de la personne et à connotation raciste» tenus à l’encontre de Nafissatou Diallo.

Le débat avait commencé avec cette réflexion de Sophie de Menton, autre chroniqueuse, qui disait : «Tu veux que je sois politiquement totalement incorrecte ? [...] Je me demande, c’est horrible à dire, si c’est pas ce qui lui est arrivé de mieux». Dans cette émission où tous les discours sont permis, on s'interroge: "A combien tu estimes le viol?". Là, Sophie de Menthon prend fait et cause pour les femmes. Va-t-elle dire un mot en faveur de la femme de chambre du Sofitel ? Non, pas du tout, par contre elle trouverait "scandaleux que ce soit Anne Sinclair qui soit obligée de payer". Qu'elle se rassure : DSK va pouvoir régler la note lui-même grâce à de juteuses conférences données à travers le monde. L'honneur est sauf, surtout celui d'Anne Sinclair. Qui parmi les intervenant-e-s de cette émission allait peut-être expliquer le traumatisme d'un viol, d'une tentative de viol ou d'une agression sexuelle? Personne, de leur point de vue, ce qui est arrivé à la femme de ménage est véritablement "un conte de fée". Et de comparer la tragédie de Nafissatou Diallo au destin de Pretty Woman. Sauf que c'est un "tromblon".

Franck Tanguy poursuit à propos de Nafissatou Diallo: «Elle n’a rien pour elle, elle ne sait pas lire, pas écrire, elle est moche comme un cul, et elle gagne 1,5 million, c’est quand même extraordinaire cette histoire.»

Une honte pour ces pseudo-chroniqueurs-euses qui se vautrent dans la haine avec délectation. Le plus choquant, ce sont les propos de Sophie de Menthon,  ancienne membre de l'Observatoire de la parité, présidente de société (ETHIC, dont la mission est de "promouvoir l’éthique auprès de tous les acteurs économiques"),  aujourd'hui membre du Conseil Économique et Social, Commandeur de l'ordre national du mérite, et officier de la légion d'honneur. Elle a même réussi à se justifier par rapport à la décision du CSA en affirmant que «la condamnation (du CSA) ne s’exerce pas à (ses) dépens. Elle est bien celle de l’émission et de l’animateur». Un bel exemple de solidarité féminine !

En réaction, une page Facebook a été créée qui demande le départ de Sophie de Menthon de l'émission (http://www.facebook.com/pages/POUR-QUE-SOPHIE-DE-MENTHON-QUITTE-LES-GG-RMC/129754777101062) et Osez le féminisme a lancé différentes actions, notamment une pétition auprès du CSA.

 

 

 

 

 

 

 


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