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Preciado, Almodovar et Colom

Il est à nouveau question de corps et de normes. Cette fois la scène se passe dans un séminaire autour de l'exposition consacrée au photographe Joan Colom organisé par le Musée National d'Art de Catalogne (MNAC) entre un public hétéroclite et des conférenciers de renom. Tout se déroulait bien jusqu'à ce dérapage qui a ouvert un cratère entre humains, post-humains et transhumains. Car c'est bien d'hybridation qu'il s'agit.

Aucune publicité, rien n'annonçait ce séminaire alors que tout ce qui accompagne l'exposition sur Joan Colom fait l'objet d'un extraordinaire battage promotionnel. Pourtant les intervenant-e-s étaient plutôt des pointures : Beatriz Preciado, la philosophe activiste et Dolores Juliano, l'anthropologue féministe tenaient le haut de l'affiche. l'émiliE qui venait de publier un article sur le photographe pourtant encensé par le pouvoir catalan s'est interrogée sur la discrétion dont était entouré ce séminaire et s'est rendue sur place afin d'y voir plus clair.

A priori, rien de bien neuf en pareil rassemblement : un public poli ayant tendance à l'engourdissement après avoir reçu durant plusieurs heures un flot de paroles intelligentes produites par un groupe de gens qui parlent d'un groupe d'autres gens, sujets d'études eux. Eux, ce sont les travelos, les prostitué-e-s, les pauvres, les nains, les invalides, les malformé-e-s et tous les "freaks" qui figurent sur les clichés de Joan Colom, ce comptable épris de photographie. Son terrain de jeu depuis les années 50, le Raval, quartier populaire de Barcelone, est l'endroit où vivent ses "modèles". Aujourd'hui reconnu comme "photographe de la prostitution", Joan Colom goûte à sa gloire locale.

Comme nous l'avions dénoncé dans notre précédent article, le photographe qui prenait des photos à l'insu de ces personnes et les publiait, les mettant ainsi en danger puisqu'à l'époque franquiste, la prostitution était interdite, toute liberté sexuelle prohibée, la seule issue pour celles et ceux qui contrevenaient à la loi étant la prison.

De ça, les conférenciers-ières étaient bien conscient-e-s et ont abondemment critiqué le travail du photographe. Dolores Juliano a fustigé la catégorisation qu'il faisait des corps et la stigmatisation que cela engendrait. Elle a souligné que ses images participaient à la répression franquiste et à la réglementation par le pouvoir de l'espace public : quelles personnes peuvent circuler dans cet espace, quelles personnes ne le peuvent pas. Et de prendre un exemple actuel : l'interdiction par la Generalitat (institutions barcelonaises, ndlr) de la burqa dans l'espace public avec cette petite phrase: "La Generalitat devrait alors aussi interdire les ours blancs qui constituent un danger en ville", sous-entendu, on voit à Barcelone aussi peu de femmes en burqa que d'ours blancs…

Preciado, pour sa part, se réfère à Foucault : d'un côté, il y a les corps normaux, de l'autre les corps pathologiques. Elle rappelle la tradition des représentations photographiques qu'ont faites la médecine, la police et la justice depuis le XIXe siècle et qui participent à la catégorisation. S'y ajoute l'intervention d'un doctorat qui résume: "En gros, Colom était un bourgeois de l'Eixample (beau quartier de Barcelone, ndlr) qui allait s'encanailler au Raval". La goutte d'eau qui fait déborder le vase.

Deux femmes chics se lèvent pour contester le fait, arguant que leur père, Joan Colom, est quelqu'un de bien, que ce séminaire est diffamatoire et insultant. Les esprits s'échauffent réveillant d'un coup l'auditoire. Une travailleuse du sexe s'en mêle, expliquant à ces femmes le monde qui les sépare et l'inconscience de leur père. Des gens qui apparaissaient sur les photos, enfants à l'époque, assurent que leur mère n'était pas prostituée et qu'ils vivaient juste dans le quartier. La femme qui traduit en langue des signes accélère le mouvement. La scène est tout bonnement surréaliste et en rappelle une autre : celle où Victoria Abril avoue le meurtre de son amant en plein JT dans Talons aiguilles, le film d'Almodovar.

Cette humanité qui se déchire à coup de normes… Mais quels corps aurait donc photographié Joan Colom aujourd'hui ? Quelle anormalité lui aurait sauté aux yeux ? Les corps hormonés, les corps greffés, les corps appareillés (prothèses, implants, bracelets électroniques, puces, objets nomades type téléphone, lunette, GPS, casque MP3), les corps genrés, les corps métissés ? Les hybrides ne sont-ils pas en train de devenir la norme ? La mixité est en marche, autrement plus complexes à catégoriser et à normaliser.

Photo © Joan Colom

Ecolos sexistes?

Un texte garantissant l'égalité de salaire homme/femme a été rejeté au Parlement européen par 298 voix contre, 289 pour et 87 abstentions, cela au lendemain de la Journée internationale des femmes. Parmi les abstentionnistes figurent 26 écologistes, suffisamment pour créer la polémique. Seraient-ils contre l'égalité des sexes ?

Le rapport d'Inès Cristina Zuber (Gauche unitaire européenne) voulait attirer l’attention sur la situation de femmes affectées différemment par la crise et subissant une précarisation plus importante de leurs conditions de travail (inégalités salariales, flexibilité imposée, contrats précaires…). Le texte prévoyait en outre l'interdiction des démissions forcées en cas de maternité et la lutte contre les stéréotypes sexistes. Les eurodéputé-e-s socialistes ont dénoncé un retour en arrière, la délégation française se fendant d'un communiqué disant qu' «aujourd’hui, par ce vote, ce sont non seulement les femmes qui sont insultées et agressées, mais l’ensemble de la société, nos valeurs et le coeur de notre humanité».

Si les conservateurs ont voté sans surprise contre, une moitié des élu-e-s écologistes se sont abstenu-e-s dont Daniel Cohn-Bendit et José Bové. Alors les écologistes auraient-ils tout à coup changé leur fusil d'épaule ? Auraient-ils succombé aux sirènes de la Manif pour tous ? Selon les explications du groupe Europe écologie les Verts au Parlement européen, le problème viendrait du paragraphe 67 du rapport Zuber qui traite de la délicate question de la prostitution et qui dit en substance que «la prostitution constitue une forme de violence, un obstacle à l’égalité des genres et un moyen pour le crime organisé de se développer». Il «invite les Etats-membres à reconnaître la prostitution comme une forme de violence à l’encontre des femmes et à ne pas la considérer comme un travail, même lorsqu’elle est "volontaire".»

Les écologistes sont totalement divisé-e-s sur le sujet et si pour la hollandaise Marije Cornelissen, cette position sur la prostitution constitue une «ligne rouge» , impliquant non pas le rejet du texte, mais un vote d’abstention, d'autres comme Nicole Kiil-Nielsen, membre de la commission Femmes du Parlement européen, ont préconisé de voter pour ce paragraphe et pour le rapport. Entre abolitionnistes et réglementaristes, le débat se poursuit. Au final, il faut retenir que les écologistes européens sont d'accord sur l'égalité des sexes, mais que leur communication laisse à désirer.


Photo DR

Ceci est le corps d'une femme

Le coup de filet qui a conduit à l'interpellation de cinq personnes impliquées dans un trafic d'organes humains fait la une de la presse espagnole. L'organisation de malfaiteurs proposait à des immigrant-e-s illégaux de l'argent contre des organes pour le compte notamment d'un homme d'affaires et responsable politique libanais.  Sauf que lorsque celui-ci a appris que le bout de foie qu'on allait lui transplanter venait d'une femme, il aurait refusé, invoquant des raisons religieuses et a fait toute une histoire qui a fini par s'ébruiter…

Tout commence à Valence l'été 2012, lorsque l'ONG qui accompagne les immigrant-e-s sans papiers apprend que des gens proposent de l'argent à leurs protégé-e-s en échange de parties de leurs corps. Puis les autorités sanitaires soupçonnent qu'il se passe quelque chose d'étrange lorsque des dizaines d'immigrant-e-s viennent subir des séries d'examens ultra-complets dans une clinique privée. Les factures de ces analyses d'un total de 15 000 euros ont toutes été réglées par une seule et même personne. L'Organisation Nationale de Transplantation (ONT) y voit un signal d'alerte.

De son côté, l'homme d'affaires libanais est informé que la transplantation va pouvoir avoir lieu puisque sur le lot de donneurs potentiels, il en est un compatible. En échange d'une partie du foie de ce donneur, le riche libanais débourse 40'000 euros. Quand il découvre que ce foie provient du corps d'une femme, l'homme aurait fait un scandale et aurait refusé de se faire opérer, considérant que c'était contraire à ses principes religieux. C'est là que l'affaire échappe au petit cercle des protagonistes et arrive aux oreilles de la police.

Au delà du caractère illégal de la pratique, se pose la question de la précarité des femmes, migrantes ou pas. On se souvient du cas désespéré de cette chômeuse espagnole qui a posté en 2012 une petite annonce sur Internet pour vendre ses organes afin de payer son loyer et donner à manger à sa fille. En situation de détresse, monnayer son corps d'une manière ou d'une autre est-il pour les femmes l'ultime recours? Quand la seule richesse qui reste à ces femmes est leur corps, doit-il servir à la santé des nanti-e-s? 

Photo DR

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