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Lybiennes: du code vert à la charia

 

Le jour de la proclamation de la «libération» de la Libye, le président du Conseil national de transition (CNT), Mustapha Abdel Jalil, a annoncé que la législation du pays sera fondée sur la charia. Pour les femmes, la révolution risque de tourner court en matière de droits individuels et d'égalité. Ce qui s'annonçait pour certains comme une promesse d'ouverture pourrait n'être qu'un retour en arrière.

Bien avant cette déclaration, de nombreuses voix parmi les Libyennes, notamment les étudiantes et universitaires, s'élevaient sur les réseaux sociaux et s'inquiétaient du sort qui attendaient les femmes à l'issue des combats. En effet, d'après elles, le fait déjà que le siège du CNT se trouve à Benghazi,  plus conservatrice que Tripoli, il était plus que probable que les Frères musulmans imposeraient leurs vues. Une jeune femme explique qu'elle devra se «résoudre à porter le hijab». Et si, au début sa lutte contre le régime Kadhafi, le CNT avait exprimé son intention d'intégrer les femmes dans son organisation, on peut dire que cela ne s'est guère réalisé et que sa première pierre à la reconstruction à travers ce discours de «libération» participe à la poursuite de la négation et de l'invisibilisation des Libyennes.

La charia qui codifie à la fois les aspects publics et privés de la vie d’un musulman, tout comme les interactions sociétales va se substituer au code vert du colonel Kadhafi. Les musulmans considèrent cet ensemble de normes comme l’émanation de la volonté de Dieu. Non pas que le petit livre vert était plus avantageux pour les femmes puisqu'il niait l'égalité civile homme-femme, mais le divorce y était chose possible et la polygamie relativement limitée. Du point de vue masculin, ce nouveau droit a du bon. Un Libyen interviewé sur les ondes de France Info confie que la charia va lui permettre de se marier à nouveau d'ici deux ans tout en gardant son ancienne femme et sans que cette dernière puisse lui créer des problèmes. La société libyenne a fonctionné sur une séparation traditionnelle des sexes avec pour seule voie d'échange entre les deux catégories, le mariage, sous un contrôle social strict. La charia ne peut que radicaliser le système, ce qui fait craindre le pire à la Fédération Internationale des Droits de l'Homme qui s'exprime largement ces deux derniers jours sur la question des femmes. La Tunisienne Khadija Cherrif, secrétaire générale de la FIDH, s'interroge sur le sens de cette charia aujourd'hui après la dictature de Kadhafi et sur ce qu'elle va engendrer concrètement pour les Libyennes. Elle dit ne pas comprendre ce qu'est l'islam modéré et assure que le travail de son organisation va se poursuivre avec une vigilance accrue à l'égard des droits des femmes.

On constate déjà le retour en Libye de religieux exilés en Europe, attelés à leur tâche prosélyte. Rien de très rassurant à bien y regarder. Et de quoi s'interroger sur les racines des révolutions, les ingérences des démocraties et leur capacité à remplacer des dictatures par des tyrannies dont souffrent surtout les femmes.

L'art d'accoucher

L'artiste-performeuse Marni Kotak s'apprête à accoucher en public dans une galerie d'art new-yorkaise, la Microscope Gallery. Intitulée "The Birth of Baby X", la performance interroge la création dans tous les sens du terme. A ses détracteurs qui crient à la provocation, elle répond vérité, honnêteté et réalisme. Retour sur une oeuvre pour le moins étonnante.

Transformer une galerie d'art en salle d'accouchement, personne n'y avait encore songé. Marni Kotak a pourtant investi la salle de travail pour mettre au monde son enfant... et son oeuvre. Il ne lui reste que cinq semaines avant le terme, du coup elle s'est installée sur place et a refait la déco : pas de murs blancs, pas d'oeuvres à la signification ésotérique, rien de ce qui constitue d'ordinaire un espace d'art contemporain. L'artiste et future parturiente a amené le lit de sa grand-mère, une table de chevet, un couffin pour l'enfant, elle a mis du papier peint, bref, elle s'est arrangé un petit coin cosy pour créer en paix. Les visiteurs peuvent déjà venir et découvrir l'échographie du bébé ou des projections d'images sur son ventre rebondi, et aussi laisser leurs coordonnées pour être prévenus des premières contractions. Le grand jour, son mari, une sage-femme et des amis seront avec elle pour la soutenir.

Ce projet fait partie d'une intention plus vaste. L'artiste travaille depuis des années autour de sa vie privée : elle a reconstitué l'enterrement de son grand-père ou son premier rapport sexuel lors de performances plus vraies que télé-réalité. Elle explique que "la vie elle-même est la plus grande oeuvre d'art". Elle souhaite, après la naissance de son bébé, que l'expérience se poursuive à travers un travail appelé "Raising baby X" qui vise à exposer au public la vie de l'enfant jusqu'à ce qu'il ait l'âge d'entrer à l'université. Son galeriste traduit sa démarche par une "recontextualisation de l'acte quotidien d'élever un enfant à travers un travail de performance artistique".

Déjà des associations d'obédience moins avant-gardiste ont jugé obscène un tel projet, d'autres le trouvent dangereux et puis il y a ceux qui dénoncent une utilisation de l'enfant. Marni Kotak semble avoir réponse à tout puisqu'elle estime que s'exposer sur Facebook est bien plus indécent et qu'elle est entourée d'une sage-femme professionnelle. Les différentes réactions posent encore une fois la question du corps de la femme. Lui appartient-il enfin ? Ce pouvoir de mettre au monde en est-il vraiment un ? Doit-elle suivre tel ou tel mode d'emploi pour un accouchement 100% réussi ou toute autre injonction variable selon les époques, selon l'influence et le poids des institutions (corps médical, religion, Etat, famille...). Les réactions suscitées indiquent à Marni Kotak au cas où elle ne l'aurait pas remarqué qu'elle a dépassé les bornes des normes admises par nos sociétés, ce qui pour une artiste est un minimum.

 

© Marni Kotak

Droit de vote aux Saoudiennes … en 2015

 


 

Après l’espoir suscité par l’annonce du roi Abdallah qui a promis le droit de vote et de représentation aux femmes de son pays, les militantes expriment leurs craintes : son discours ne serait en fait qu’une vague promesse.

Les observateurs ont trop vite conclu que l’inexorable contagion des printemps arabes gagnait le royaume conservateur et traditionaliste d’Arabie Saoudite, contraint à son tour d’accorder plus de libertés individuelles sous peine de chaos. Mais pourquoi commencerait-il par les droits des femmes, ces non-citoyennes sans voix ni pouvoir ? Les féministes saoudiennes ne s’y trompent pas. Pour elles, cette promesse ne coûte rien et n‘engage en rien la vraie réforme qu’elles attendent. Parmi elles, Wajeha Al-Huwaider pense qu’il s’agit d’un «geste symbolique comme la nomination d’une femme à un ministère» (en 2009, le roi avait en effet appelé une femme pour être ministre : il avait retiré l’éducation des jeunes filles au ministère des Affaires religieuses, l’avait placée sous l’autorité du ministre de l’Éducation et avait ensuite nommé Madame Nour Fayez secrétaire d’État, fonction que son mari l’avait autorisée à accepter, ndlr).

Le futur droit de vote des Saoudiennes, s’il leur est réellement accordé, est entouré de conditions : elles devront être accompagnées de leur tuteur masculin au bureau de vote. Quant à celles qui se présenteront aux élections municipales (seul scrutin existant du royaume), elles devront, pour ce faire, produire une autorisation écrite de leur mari. Il leur est d’ores et déjà vivement recommandé de ne pas se présenter dès 2015. Et c’est là où le bât blesse : ce droit n’instaurerait nullement une quelconque égalité entre hommes et femmes, il s’appliquerait dans le cadre de la Charia, la loi islamique. Pour Wajeha Al-Huwaider, «le roi a choisi la voie la plus rapide pour régler, en apparence seulement, le problème. Cela lui permet de clamer au reste du monde que l'Arabie Saoudite améliore le sort des femmes. C'est tout.»

Monarchie absolue, l’Arabie Saoudite reste l’alliée de l’Occident. Le roi cumule tous les pouvoirs et les aspirations au changement des jeunes, qui constituent plus de 60% de la population, ne sont pour l’heure pas entendues. Sans aide extérieure, sans relai associatif, sans ONG (illégales en Arabie Saoudite), avec les seuls réseaux sociaux, une révolution type jasmin a peu de chances d’ouvrir la voie à la démocratie selon les féministes saoudiennes. L’évolution risque d’être encore lente et l’espoir déçu.

Photo: La militante Wajeha Al-Huwaider
© Droits réservés


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