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La réalisatrice Céline Sciamma à Genève

Tomboy, chronique du genre

 

A l’occasion d’une projection unique et d’une rencontre avec la réalisatrice de Tomboy à Genève, l’émiliE en partenariat avec la Faculté des Lettres souhaite revenir sur un film qui aborde les passages identitaires de manière subtile.

Les Etudes Genre de la Faculté des Lettres (Université de Genève) et l'émiliE organisent le 10 mai prochain la projection du film Tomboy, suivie d’un débat avec la réalisatrice Céline Sciamma et Alicia Parel, coprésidente de Transgender Network Switzerland. Ce dernier sera animé par Agnès Vannouvong, coordinatrice des Etudes Genre de la Faculté des Lettres et Caroline Dayer, membre du comité de direction de l’émiliE.

Après un premier long métrage remarqué, Naissance des pieuvres (2007), Céline Sciamma signe avec Tomboy un film sur l’enfance et la construction identitaire, qui a d’ailleurs remporté le Grand Prix du Jury au Festival international du film de Berlin.

L’histoire est simple. Une famille vient de s’installer dans le quartier. C’est l’été. Dehors, les enfants jouent au football, courent dans la forêt et se baignent dans le lac. Laure, dix ans, laisse croire à ses nouveaux copains qu’elle est un garçon. Elle décide de s’appeller Mickaël, le temps d’un été. Le tourniquet des identités fonctionne à plein, grâce au point de vue habile qui joue d’un trouble du genre. Dès la première scène, le spectateur voit évoluer un petit garçon alors que pour la famille, il s’agit d’une petite fille. Dans l’autre partie du film, il voit une petite fille tandis que les enfants prennent Laure pour un garçon. «Je voulais visiter cette zone d’incertitude, cet entre-deux. C’est un moment de bascule, juste avant que le corps s’en mêle et siffle la fin de la récré», explique la cinéaste. A un âge propice à l’indéfinition, Laure-Mickaël comprend que le genre est une affaire de construction. Dans une scène digne d’un atelier Drag King, Laure-Mickaël se fabrique un pénis avec de la pâte à modeler et montre de façon simple et fulgurante que le sexe n’est pas le genre. Céline Sciamma esquisse des pistes essentielles où la complexité des identités se déploie dans le jeu, la mascarade, le masque. Les adultes ne sont ni absents, ni effacés. Ils existent en contre-point, dans un rapport tendre (le père) et autoritaire (la mère), renversant ainsi les stéréotypes genrés sur l’éducation, les parents.

La réalisatrice réussit avec force un film non pas sur les enfants, mais sur l’espace inexploré de l’enfance et ses flottements identitaires (on notera l’interprétation admirable de Zoé Héran et Jeanne Disson). L’enjeu, pour la cinéaste, est de taille : «Avoir sur l’enfance un regard d’enfant, c’est, dans tous les sens de l’expression, être à la hauteur : de caméra, de cadre, mais aussi de sentiment». Dans ce film marqué par les jeux, la fraîcheur et le souffle des premières années, une inquiétude plane de façon constante. Laure-Mickaël sera-t-elle/il découvert-e ? Sortira-t-elle/il du placard ? Le suspense règne d’un bout à l’autre. Quels gestes vont trahir et dérober ainsi sa fiction intime ? La violence de l’assignation marquera la fin de l’été, le retour au réel, la rentrée. Céline Sciamma nous livre la grâce d’un conte moderne transgenre. Intemporel.

Date 10 mai 2012 à 19h30

Lieu Grütli Salle Henri Langlois   16, rue du Général-Dufour 1204 Genève

Prix : 14 F (tarif plein) et  10 F (tarif réduit)


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La faim justifie les moyens


L’accès à la nourriture reste problématique pour 700 millions de femmes dans le monde. La campagne d’Action de Carême « Plus d’égalité, moins de faim » pointe les inégalités hommes-femmes à ce niveau, ce qui choque en Suisse les catholiques traditionnalistes.

 

Que n’ont-ils pas fait ? Revendiquer l’égalité homme-femme dans l’accès aux ressources alimentaires en étayant leur argumentation par le genre, voilà qui est osé et qui n’a pas manqué de soulever la polémique au sein de l’Eglise catholique suisse. En expliquant les différences entre hommes et femmes comme une construction sociale plutôt que comme une donnée biologique, le genre bouscule en effet les principes traditionnels. Certains prêtres ont aussitôt réagi à cette campagne qui, de leur point de vue, pourrait tout aussi bien légitimer l’homosexualité ou l’avortement, et ont saisi la conférence des évêques.

 

Le plus étrange, c’est que l’initiative part des catholiques eux-mêmes : Action de Carême est une fondation présidée par Mgr Markus Büchel, évêque de Saint-Gall. Jean-Claude Huot, secrétaire romand d’Action de Carême, ne s’attendait certainement pas à une telle levée de boucliers et se couvre en affirmant que «le thème de la campagne œcuménique est approuvé par le Conseil de fondation». On peut d’ailleurs lire dans le St-Galler Tagblatt du 27 février 2012, un article de Mgr Büchel qui prend position sur cette problématique du genre dans le droit à l’alimentation : «Question complexe, le problème de la faim doit être abordé sous les angles les plus divers, et notamment dans l'optique de l'égalité entre hommes et femmes, décisive dans le combat pour éliminer cette plaie». Il poursuit en disant : «Action de Carême entend par égalité des droits l'égalité des chances pour jeunes et vieux, pour hommes et femmes, bref, la reconnaissance de la personne humaine dans sa diversité, au-delà de son sexe, de son origine, de ses croyances et de son âge».

 

La démarche des promoteurs-trices de cette campagne œcuménique Action de Carême & Pain pour le prochain ne date pourtant pas d’hier : la thématique du genre est au cœur de leur réflexion depuis bien longtemps. Jean-Claude Huot explique que «chacune de nos campagnes prend en compte la question des relations entre les femmes et les hommes : c’est une préoccupation constante (…) soit dans les projets que nous soutenons en Afrique, en Amérique du sud ou en Asie ou dans le cadre de nos campagnes d’information en Suisse». Et de rappeler la campagne «High Tech – No Right» qui s’intéressait aux conditions de travail des ouvrières produisant des ordinateurs en Chine ou en Thaïlande (entre 70 et 95% de la main-d’œuvre est féminine). Jean-Claude Huot précise que le genre est parfois même abordé de manière encore plus ciblé, comme en 2006, lors d’un symposium au titre sans ambiguïté : «Pas de développement sans droit des femmes». Alors pourquoi est-ce que les opposant-e-s à la campagne 2012 ne réagissent-ils que maintenant ? Parce que le mot genre apparaît en toutes lettres dans le dossier de presse ? Parce que l’objectif de la communication 2012 vise à «aider à comprendre et déconstruire la différenciation des rôles hommes/femmes et les enjeux de cette différenciation concernant le droit à l’alimentation» ?

 

Il n’empêche que la réalité du terrain, elle, est incontestable : plus d’un milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde. 60% à 70% d’entre elles sont des femmes, selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture). A partir de là, l’intention de la campagne œcuménique de mettre l’accent sur l’égalité entre hommes et femmes afin de faciliter l’accès de ces dernières à la nourriture a toute sa logique. Action Carême souligne que «si les femmes du Sud avaient le même accès aux moyens de production que les hommes, elles pourraient augmenter les récoltes de leurs champs de 30%, et réduire ainsi de plus de 100 millions le nombre de victimes de la faim». La répartition genrée traditionnelle a une incidence réelle sur les statistiques. D’autant que «les femmes ont difficilement accès aux savoir-faire agricoles et aux semences, alors même qu’elles produisent la majorité des denrées alimentaires dans les pays du Sud», selon l’association.

 

En outre, Jean-Claude Huot dit que «le travail domestique et de soins, invisible et non reconnu, contribue de manière importante à un développement durable» ce qui, d’un point de vue féministe est très contestable puisque sous couvert d’écologie et pour le bien de la planète, les femmes devraient alors se cantonner au care (soigner, nourrir, élever, ndlr). Pourtant sur le terrain, l’autonomisation des femmes passe d’abord par ce biais. Martina Schmidt, secrétaire romande de Pain pour le prochain, explique que «grâce aux groupes d’épargne et d’éducation, elles contribuent substantiellement à l’amélioration des conditions de vie de leurs familles».  Les initiatives de six femmes ont d’ailleurs été proposées au public suisse qui devra désigner l’une d’elles comme porte-parole des millions de toutes celles qui œuvrent dans l’ombre. Le travail de la gagnante sera présenté à l’occasion du Sommet des Nations-Unies à Rio en juin 2012. Cette action intitulée «A voice in Rio» constitue le point d’orgue de la campagne «Plus d’égalité, moins de faim». La multiplication de ce type de programmes permet de poser des bases pour faire reculer la faim dans le monde. Le pragmatisme pourra-t-il seulement l’emporter sur l’idéologie religieuse ?

 

 

 

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L’affiche invisible


En mars, à Genève, est placardée l’affiche lauréate d’un concours s’inscrivant dans une campagne publique de lutte contre l’homophobie des cantons de Genève et de Vaud. Décryptage par une professionnelle de la communication.

 

Noyés dans un fond bleu foncé, ces tout petits caractères : «Ce ne sont que deux personnes qui s’aiment». Les réactions des intéressé-e-s fusent. Le grand public, lui, passe à côté.

Un message obscur

L’incompréhension se réfère autant au choix de l’affiche qu’à son message. De qui parle-t-on : d’une «black» et d’un «beur», d’un frère et d’une sœur ? Non seulement cette phrase ne se rattache pas au registre de l’homophobie mais en plus les personnes homosexuelles ne sont pas, et ne seront jamais, uniquement ni forcément que deux êtres humains qui s’aiment. La dimension individuelle comme historique est évacuée alors que l’homophobie cible autant des individus qu’une collectivité de personnes qui n’ont pas en commun le fait de s’aimer, mais bien au contraire d’être la cible de discriminations en raison de leur dérogation aux conventions hétérosexuelles et aux normes construites du masculin et du féminin.

Cette réduction à la sphère intime constitue une régression : le privé n’est-il pas politique ? Et si l’idée est de parler d’amour, duquel s’agit-il ? D’un amour sombre, moindre, ne concernant que des couples et sans portée universelle?

Agnès-Maritza Boulmer, spécialiste en communication, s’interroge sur la signification de ne sont que : «Ce négatif sous-entend un positif qui est nécessairement péjoratif : ce ne sont pas des monstres, ce ne sont pas des animaux ? C’est ça le message ?».

 

Une affiche invisible et illisible

Pour cette professionnelle de la communication, une affiche efficace doit être visible et lisible, «critères auxquels cette affiche ne répond pas du tout, en raison de son à-plat monocolore foncé et parce que ce dernier noie complètement la phrase qui est écrite en blanc, illisible à plus d’un mètre». L’experte souligne qu’une affiche percutante doit énoncer un message clair au premier coup d’œil et être intelligible par n’importe qui, qu’elle soit dans la rue ou à l’école, ce qui n’est pas le cas ici à ses yeux tant la phrase de prête à confusion et délivre même des contre-messages. Ces différents constats vont à l’encontre du propos tenu par Elisabeth Thorens-Gaud, attachée aux questions d'homophobie et de diversité pour les cantons de Genève et de Vaud, pour qui l’affiche lauréate propose un message clair et «compréhensible pour tout le monde» (Le Courrier, 29 février 2012).

 

Le choix de l’invisibilité

Agnès-Maritza Boulmer estime incompréhensible qu’une telle affiche ait été primée pour une campagne publique contre l’homophobie : «Ce choix dénature et détourne la gravité de l’homophobie. On a l’impression qu’il y a une volonté du jury d’esquiver le sujet, de refuser le danger que l’homophobie peut constituer et ça c’est réellement dangereux». Elle poursuit en relevant que les annonceurs sont difficilement identifiables: «A quoi se réfère Mosaic-info, à une mosaïque de quoi ? Et Stop homophobie ? A l’association française de ce nom ?» Si c’est le thème de la campagne, il devrait être signalé de façon prépondérante pour qu’on comprenne immédiatement de quoi il s’agit.

L’experte fait un constat similaire concernant la cible de la campagne en soulignant que le manque d’imaginaire de l’affiche ne crée aucun lien avec le public. Pourtant le support choisi est censé atteindre tous les publics en général et les jeunes en particulier. Pour elle, «on ne veut pas vraiment que les gens comprennent de quoi on parle, tellement on brouille le message». Agnès-Maritza Boulmer remet en cause l’organisation du concours : «Je n’ai rien à dire sur l’étudiant qui a fait cette affiche, on sent très fortement que le concours a été organisé à la légère, il n’y a sans doute même pas eu de brief et du coup l’affiche lauréate semble inutile. Cette affiche prouve une chose : à aucun moment, il n’y a eu dans le jury un-e professionnel-le de la communication, ni un-e spécialiste des questions d’homophobie». De son côté, Think Out (association des étudiant-e-s LGBT (lesbiennes, gays, bi, trans) & friends de l'Université et des Hautes Ecoles de Genève) souligne «qu’aucun-e membre d’associations LGBT n’a été approché-e pour faire partie du jury du concours, ce qui peut d’ailleurs expliquer un tel résultat». La Fédération genevoise des associations LGBT (360, Dialogai, Le Gai Savoir, Lestime, Parents d’homo, Think Out) précise qu’elle ne s’engage pas dans l’exposition des affiches car elle n’a participé ni à sa conception ni à sa réalisation.

 

Contre la mise au placard

Pour Think Out, d’autres affiches du concours traduisaient «de manière bien plus claire et efficace une vocation de lutte contre l’homophobie». L’association note que Genève, et plus généralement la Suisse, ne sont pas si avancées en la matière que nous pourrions le croire, ce que confirme l’état des lieux 2011 élaboré par l’ILGA-Europe (International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association) dans lequel la Suisse se place notamment loin derrière la Suède et l’Espagne. Think Out a donc élaboré sa propre brochure afin de faire prendre conscience aux gens des formes d’homophobie et de transphobie que peuvent connaître les jeunes LGBT, «de l’urgence qu’il y a à agir concrètement pour les accompagner et, dans les cas extrêmes, les sauver du suicide. Il y a une priorité sur la formation des enseignant-e-s par des spécialistes et sur l’encadrement des étudiant-e-s». Think Out relève que les interventions en milieu scolaire, avec les témoignages de jeunes personnes LGBT et de parents d’une personne LGBT, sont interdites à Genève, alors que ces actions ont fait leur preuve et sont pratiquées en Suisse alémanique. Au regard des avancées effectuées et des horizons à défricher, on ne peut que s’interroger sur l’efficacité d’un tel placard.

© Photo, Joanna Osbert

www.ilga-europe.org

www.think-out.ch

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