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genre&féminismes

La mésalliance féminisme/ nationalisme

Féminismes et nationalismes ne devraient jamais se rencontrer autrement que pour croiser le fer. Pourtant des alliances opportunistes se créent ça et là en Europe sur le dos d’autres femmes. L’exemple catalan est à cet égard très parlant. Et la langue justement est au cœur du sujet (de discorde).

Ce n’est pas nouveau, nombre de politiques instrumentalisent les féministes pour justifier leurs discours et leurs actions. Au nom de l’égalité hommes/femmes, des guerres sont menées, des discours sont construits : alors même que la situation des Afghanes est loin d’être sécurisée, les troupes de la coalition occidentale se sont retirées. En Europe, les «étrangers» seraient coupables de toutes les violences envers les femmes, incapables d’assimiler les valeurs égalitaires des démocraties… Selon ces politiques, le sexisme serait le fait de cultures «sous-développées» superstitieuses et religieuses, par opposition à la civilisation occidentale riche de sa tolérance, de sa laïcité… et de son féminisme. Bref, détourner les féministes voire en retourner certaines pour faire valoir une supériorité de l’Occident et gagner des avantages tant politiques qu’économiques fait partie de l’arsenal stratégique des partis nationalistes qui tendent à prospérer ces temps.

Alors ces féministes retournées, alliées involontaires d’un post-colonialisme ou nationalistes convaincues ? Les effets de la mondialisation ont conduit à des replis identitaires assez caractéristiques d’une peur diffuse, celle de la disparition annoncée du monde «d’avant» si rassurant. En Europe, les nationalismes ont fleuri sur ce terreau et les gauches radicales via les altermondialistes ont activement participé au mouvement délaissant les luttes contre le capital, le patriarcat et le racisme. En France, on retrouve des féministes au barrage de Sivens mais pas à Créteil pour protester conte l’agression antisémite doublée d’un viol. Un des exemples les plus frappants de ce nationalisme civique auquel adhèrent certaines féministes est le séparatisme catalan. En l’occurrence, la plupart des associations féministes de Catalogne ont pris fait et cause pour l’indépendance sans se poser plus de questions.

A moins de faire partie du peuple catalan, vous avez peu de chance d’être inclus-e. L’entre-soi règne en maître et les féministes se font le relais inconditionnel des discours et pratiques nationalistes excluantes du gouvernement d’Artur Mas, ultraconservateur pur jus. Seule langue utilisée : le catalan, ce qui laisse peu de chances aux femmes migrantes qui viennent principalement d’Amérique latine de participer, d’autant moins qu’elles parlent l’espagnol, la langue de l’ennemi. Quant à celles qui ont franchi la Méditerranée, ce n’est même pas la peine d’y penser. On est loin des communications multilingues de la Marche Mondiale des Femmes qui cherchent à intégrer au maximum. Non, ici c’est la Catalogne aux Catalan-e-s.

En s’enfermant de la sorte, on mobilise en petit comité. Dernier fait marquant le 22 octobre dernier, la Vaga de totes : autrement dit, la grève de toutes qui, comme son slogan le suggérait, se voulait massive. Si le mot d’ordre de la manifestation était louable (Lutte contre la précarité, les inégalités, la corruption etc) pourquoi ne pas y associer toutes les femmes ? La langue est un vecteur d’inclusion comme d’exclusion sociale. Alors à part occuper quelques minutes quatre rues à Barcelone, investir une station de métro et rassembler moins de 500 pelé-e-s Plaça Catalunya, de sorte que personne ne vous remarque, où est l’intérêt ? On est loin de l’image d’une ville bloquée dont les féministes auraient pris le contrôle comme l’ont rapporté certain-e-s en toute mauvaise foi sur Twitter.

Avec plus d’un million d’étranger-e-s vivant sur son sol, cela vaudrait la peine pour la Catalogne en général et pour les féministes du cru en particulier de s’ouvrir à ce niveau : échanger dans différentes langues et les accepter sans discrimination pourrait être un bon point de départ. Se comprendre n’est-ce pas la base du débat ? Les grandes mobilisations contre le projet de loi contre l’avortement avaient largement rassemblé dans la société parce que les organisateurs-trices s’étaient adressé-e-s à toute la population et pas seulement à d’heureux-euses élu-e-s capables de comprendre la langue régionale. Contrer l’instrumentalisation par les politiques nationalistes est une priorité. Le plus délicat reste la question de l’indépendance (de parole et d’action cette fois) : quand on est subventionné par la Generalitat (exécutif catalan), peut-on s’exprimer autrement qu’en catalan ? Peut-on échapper aux discours et obligations nationalistes ? Les associations féministes catalanes devraient s’interroger sur ce qui les anime au fond et sur les valeurs qu’elles défendent.

Photo © l'émiliE, une vitrine d'association féministe à Barcelone avec un message contre le sexisme sur un poster indépendantiste

Où sont les jeunes ?

Les nouvelles générations au sein des ONG féministes internationales.   

Du 3 au 5 novembre dernier s’est tenu à Genève le NGO Forum – Beijing+20. Trois jours durant, les représentant-e-s de la société civile issue de 56 pays se sont regroupé-e-s afin de passer en revue le statut des femmes dans la région de la Commission Économique pour l’Europe (CEE-ONU). Problème : en fait de représentation, les jeunes étaient singulièrement absent-e-s.

Ces trois journées de travail et d’échanges fructueux ont conduit à la rédaction de recommandations incluses dans le rapport final de la Commission Économique pour l’Europe. L’événement était par conséquent de taille et semblait constituer le point de rendez-vous obligatoire pour tout-e féministe de la région, quel que soit son âge. Aussi quelle ne fut pas ma surprise lorsque, scrutant la salle de réunion onusienne remplie à craquer, je notai l’absence, à mes yeux alarmante, de jeunes gens. Je ne pouvais bien évidemment pas être la seule participante en dessous de 25 ans : cela n’avait aucun sens ! Et pourtant… Alors que le NGO Forum de Genève est parvenu à réunir plus de 600 acteurs-trices impliqué-e-s dans les droits des femmes, seule une poignée de jeunes femmes était présente. Rassemblées par notre âge et notre faible représentation, nous avons décidé de nous regrouper régulièrement tout au long du forum afin de partager remarques et ressenti. Les discussions n’ont cependant cessé de revenir vers une seule et même question : qu’en est-il de notre génération ? Aussi fantastique qu’ait été l’expérience d’un forum international sur les droits des femmes, nous autres jeunes, ne nous sentions pas à notre place. Bien que la vision d’un si grand nombre d’individus engagés avec passion dans la cause féministe ne puisse qu’être une véritable source d’inspiration, nous autres jeunes, n’avions pas l’impression de disposer d’une voix.

Sujets plutôt qu’actrices
Des organisations internationales aux ONG, en passant par les initiatives gouvernementales : chacun se targue d’accorder une importance sans cesse croissante à la jeunesse. Mais combien peuvent se vanter d’inclure de jeunes individus au sein des processus de prise de décision? C’est là que le bât blesse. Les nouvelles générations font en effet l’objet d’un nombre grandissant de programmes. Ainsi, les organisations luttant pour les droits des femmes développent des actions telles que l’établissement d’opportunités éducatives similaires pour les garçons et les filles, ou un accès sûr à la santé reproductive. Cette évolution est louable, et l’apport de ces diverses initiatives indéniable. Cependant, les jeunes – en l’occurrence les jeunes femmes – constituent l’objet, la cible d’une action spécifique : ils sont rarement intégrés en tant qu’acteurs clé dans le fonctionnement d’une organisation.

Le poids de l’expérience
Il semblerait malheureusement que le monde des ONG féministes ne fasse exception à la loi régissant nos sociétés contemporaines : l’expérience prévaut. Loin de moi l’idée de dénigrer le poids de l’expérience. Nous ne pouvons que reconnaître l’importance de cette dernière dans le monde de l’activisme : les féministes expérimentées que j’ai pu observer et admirer lors du Forum de Genève connaissent sur le bout des doigts le système dans lequel la lutte pour l’égalité entre les sexes doit évoluer. Leur savoir est précieux. Néanmoins, cette expérience ne devrait pas mener à déprécier la valeur d’autres qualités, dont la jeunesse peut plus aisément se vanter. Chercher à souligner les apports de la participation des jeunes générations ne signifie pas renier le combat de nos prédécesseurs. J’ai ainsi pleinement conscience de devoir la présence du mouvement pour les droits des femmes sur la scène internationale aux activistes féministes des générations précédentes. De même, nous n’avons que respect pour les femmes et les hommes qui ont lutté avec courage et ont permis d’améliorer la condition féminine. Notre volonté de reconnaissance et d’inclusion dérive précisément du travail fourni avant nous : nous avons des opinions et souhaitons apporter une active contribution.
   
Et le harcèlement de rue ?
Certes, en-deçà d’un certain âge, notre expérience reste limitée. Il n’en va pas de même pour notre vécu. En tant que jeunes femmes, nous souffrons de certaines formes d’inégalité et de discrimination auxquelles les féministes plus âgées ne font pas nécessairement face. Ainsi, le harcèlement de rue, si répandu qu’il est aujourd’hui vécu comme une priorité par nombre de jeunes femmes à travers le monde, n’a pas été mentionné lors du Forum de Genève. Notre voix a de l’importance car si maintes discriminations dépassent la frontière de l’âge et unissent les femmes dans leur expérience du monde, certains problèmes touchent spécifiquement les nouvelles générations. De même, notre voix a de la valeur car notre vécu ainsi que notre jeunesse font que nous avons à offrir de nouvelles perspectives d’analyse et avons le potentiel de développer de nouvelles solutions.

Pour une ouverture institutionnelle
L’activisme féministe, à travers les organisations non gouvernementales, cherche à obtenir une égalité de droit et de fait entre les genres ; il travaille pour la construction d’une société plus juste. En cela, il est important qu’il se démarque par la reconnaissance de la valeur de chaque individu en tant qu’agent décisionnaire, quel que soit son âge ou son expérience. L’inclusion active des jeunes générations devrait être perçue comme une richesse à développer, non pas comme une menace ou un détail inutile. Le mouvement pour les droits des femmes, dans sa grande diversité, y gagnerait indubitablement. En effet, une ouverture institutionnelle serait en mesure d’attirer un plus grand nombre de jeunes activistes et pourrait ainsi amplifier la portée et l’impact du mouvement. Nous représentons le futur et construisons la prochaine génération de dirigeants : nos opinions et nos préoccupations comptent. 
   
Une première victoire
Les discussions menées entre jeunes lors du Forum de Genève ont conduit à la suggestion de recommandations spécifiques à notre génération. Il est essentiel de noter que ces recommandations ont reçu un accueil particulièrement chaleureux et un vif soutien de la part de l’assemblée toute entière. Ainsi, de nombreux points concernant la nécessité de renforcer la participation des jeunes femmes en tant qu’agent-e-s décisionnaires ont été intégré-e-s aux recommandations finales présentées lors de la réunion régionale. Cela est significatif pour deux raisons : d’une part, cette inclusion constitue une première victoire pour les jeunes présents lors du Forum et confirme que notre voix a bel et bien été entendue. D’autre part, cela démontre que le monde du féminisme institutionnel, et plus précisément celui des ONG internationales, n’est pas consciemment fermé aux jeunes générations – bien au contraire. Il devient cependant crucial de prendre en compte la nécessité d’ouverture et d’évolution : les organisations féministes doivent faire en sorte de respecter les recommandations qu’elles ont elles-mêmes soutenues en se tournant vers les jeunes générations.


Barbie geek

Avant Noël, une Barbie geek vient d’être mise sur la marché avec le petit manuel destiné à guider les enfants dans leurs jeux. Sauf que la pauvre y est présentée comme une gourdasse face à un ordinateur. Les réseaux sociaux ont immédiatement réagi.

Le fabricant Mattel qui pensait clouer le bec une bonne fois pour toutes aux féministes en faisant sortir Barbie de son rôle traditionnel de princesse avec le lancement d’une poupée ingénieure s’est retrouvé avec le sien (de bec) dans l’eau. Dans le guide du déroulement de la journée de la célèbre poupée en plastique intitulé Barbie, I can be a computer engineer, on la voit évoluer dans des rôles subalternes : elle avoue être web-designer tandis que les garçons codent. On découvre ensuite qu’elle infecte son ordinateur de façon malencontreuse, mais ses potes Brian et Steven vont la sauver. Bref, une princesse comme d’hab.

Du coup, les codeuses, en chair et en os celles-là, ont réagi en détournant le petit livre de Mattel à l’instar de Casey Fieseler qui le met en ligne sous le titre de Barbie, remixed : I (really !) can be a computer engineer. Au passage, la doctorante en profite pour rappeler la réalité des femmes qui travaillent dans le domaine des nouvelles technologies. Le hashtag #FeministHackerBarbie donne une idée de la profusion et de la créativité de ces ingénieures. La plupart de ces productions sont visibles sur les sites de The Verge et Identities.Mics.

Depuis sa création, Barbie a la norme et le sexisme chevillés au corps et les caricatures et autres détournements l’accompagnent depuis des années. L’artiste et chercheur Nickolay Lamm propose une Barbie/ Lammy aux mensurations moyennes d’une Etasunienne de 19 ans avec l’acné, la cellulite et les vergetures en prime. Pour l’artiste, «c’est normal d’en avoir et il n’y a pas à en avoir honte». Pour lui, le monde est riche de diversité et dans la vie, il y a autre chose que Barbie.

Illustration Casey Fieseler

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