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genre&féminismes

Cachez ce sang que je ne saurais voir

La censure sélective des réseaux sociaux sur la représentation des corps féminins devient récurrente et provoque la colère de ses usagères. Règles, allaitement, graisse, rides, poils n’ont pas leur place dans ces univers aseptisés. La diversité des réalités comme celle des corps est bannie au profit du seXXXy. Une domination masculine à l’œuvre que supportent de moins en moins les femmes.

Dernier épisode en date, cette image sur Instagram où l’on voit une jeune femme allongée de dos sur un lit, le pantalon et les draps tachés par ses règles. La censure a frappé à deux reprises, supprimant l’objet du délit. Et quel tartuffe cela dérange-t-il ? Une journaliste du Guardian, Jessica Valenti, le résume très bien : « Les images sexy sont appropriées, pas celles de corps féminins normaux. Plus simplement : sont acceptées les photos de femmes que les hommes veulent bien baiser, point barre. […] Vraiment, c’est difficile d’imaginer des femmes offensées par des images d’allaitement, de bikini débraillé ou de sang – c’est notre quotidien, pour bon nombre d’entre nous. Ce sont les hommes que les géants des médias sociaux ‘protègent’, des hommes qui ont grandi avec des images aseptisées de la sexualité et du corps féminin. Des hommes à qui l’on a appris à croire en la pop culture, au fait que le corps des femmes est là pour eux. Et s’ils doivent voir une femme qui n’est pas mince, épilée et prête à faire l’amour, bonjour l’évanouissement. »

Et si au départ, l’auteure et modèle de la photo censurée, Rupi Kaur, explique sur le site du Huffington Post avoir posté cette image sur Instagram dans le cadre d’un projet de dernière année à l’université, « visant à disséquer la manière dont les différentes formes de médias envisagent une information visuelle », elle était loin d’imaginer le retentissement que cela aurait. L’idée était de s’interroger sur le tabou des règles dans nos sociétés ? « Pourquoi nous dépêchons-nous de ranger nos tampons quand nous les sortons accidentellement de nos sacs à main ? » se demande l’étudiante. Derrière cette question s’en cache une autre : pourquoi refuse-t-on de voir le corps des femmes dans sa réalité et sa diversité ? Ce à quoi Rupi Kaur répond : « Souligner le fait que le vagin puisse être utilisé pour autre chose que le sexe représente une attaque directe sur nos conceptions idylliques d’une identité féminine manucurée ». Ce qui sous-entend que la vie des femmes n’a de sens que si elle est utile aux hommes et n’est acceptable que si elle a un rapport avec le sexe. La jeune femme conclut que « ce que les femmes doivent endurer en silence est réel, et ce silence leur fait du mal. Nous devons nous battre en faveur du changement. Et qui dit bataille, dit sang». Depuis, sa photo est de nouveau en ligne sur son compte Instagram

Photo © (@rupikaur_)

Selfridges invente l'a-gender marketing

Les magasins Selfridges, toujours précursseurs en matière de mode et de marketing lancent Agender, un concept unisexe qui efface les frontières homme/femme. Révolution ou poudre aux yeux ? Poule aux œufs d’or, à n’en pas douter.

Les lignes sont-elles en train de bouger ? Le department store de luxe Selfridges lance un rayon de mode unisexe dans ses magasins de Londres, Manchester et Birmingham. Agender, concept créé par la designer Faye Toogwood, parle de lui-même : sans genre. L’espace a été pensé en ce sens avec la volonté de casser les sempiternelles catégories homme/femme. De l’avis de la créatrice, «le genre n’est pas simplement binaire, mais les vêtements sont toujours vendus selon ces critères. Il suffit de regarder la prépondérance du rose et du bleu au rayon enfant pour voir comment les choix que nous faisons renforcent des rôles genrés artificiels».

Dans un communiqué, Selfridges explique que l’idée est d’offrir «une expérience à ses clients pour s’habiller en dehors de toutes contraintes ou stéréotypes». Et si l’industrie de la mode s’aventurait parfois hors des sentiers battus en faisant défiler sur les podiums des mannequins transgenres ou transexuels, les collections restaient jusqu’à présent très normées. Il y avait toujours d’un côté les vêtements pour hommes de l’autre les vêtements pour femmes. Casser cette frontière est une gageure.

Afin de promouvoir sa campagne, Selfridges a mis le paquet en faisant appel à Neneh Cherry et Devonté Hynes qui interprètent le titre He She Me : le message véhiculé est d’abord d’être soi-même avant de se conformer à son genre biologique, masculin ou féminin. Et si Agender n’est pas «une tendance» comme l’affirme Linda Hewson, directrice créative de Selfridges mais «un état d’esprit», il est difficile d’oublier que Selfridges doit faire du profit. Et il est de fait légitime de se demander si Agender ne s’inscrit pas dans un plan marketing bien orchestré comme s'y entend le department store. Linda Hewson précise d’ailleurs que «le projet doit servir de berceau à des tests autour de l’idée de genre, à la fois pour permettre à nos client-e-s de vivre l’expérience sans idées préconçues et pour nous en tant que vendeurs de faire avancer notre façon de voir la mode». Alors Selfridges vient-il de lancer l’a-gender marketing ?

Photo © Selfridges

Le manifeste des Femen

Aujourd’hui paraît le Manifeste des Femen qui, tout en réaffirmant les idéaux et les luttes d’origine du mouvement, marque une étape. Il fait entrer le groupe dans une phase de maturité et témoigne d’une assise acquise au fil du temps. Laissant la période ukrainienne et les actions brouillonnes loin derrière, le collectif, à vocation internationale, est désormais dirigé par la seule Inna Shevchenko.

Si ce n’est pas le premier manifeste publié par les Femen, qui avaient déjà posé par écrit les bases de leur combat voici deux ans, c’est le plus abouti, à l’image de l’évolution du mouvement. Celui-ce a en effet parcouru un bout de chemin en grandissant et en grossissant. Débarassé de son ancrage ukrainien, il se veut universel, avec des antennes actives dans quinze pays et une base à Paris. Alors les Femen deviennent-elles une franchise ? En tous cas, l’organisation est beaucoup mieux structurée qu’à ses débuts. Beaucoup mieux lisible aussi. Il faut dire que le ménage a été fait de fond en comble. Inna Shevchenko s’est imposée comme leader naturelle balayant au passage les autres fondatrices Anna Hutsol, Oksana Chatchko et Alexandra Shevtchenko.

Sur le fond, le manifeste reste fidèle aux luttes contre le patriarcat, les religions, l’industrie du sexe et sur la forme, il répète l’efficacité des moyens d’action seins à l’air, slogans sur la poitrine et couronnes de fleur, ultime concession à l’origine ukrainienne. La radicalité constitue toujours la colonne vertébrale de la pratique et du discours, unique moyen selon les activistes de combattre la violence que le système oppose aux femmes. Le texte ne s’adresse d’ailleurs qu’à elles :  
« A vous qui n’êtes ni fille, ni mère, ni sœur, ni épouse, 
A vous qui n’êtes ni femmes dans l’ombre d’un grand homme, ni petites mains de la guerre, ni forces arrières,
A vous qui êtes maîtresses de votre condition et combattantes pour vos droits,
A vous qui êtes femmes,
L’heure est venue de prendre nos responsabilités et de nous battre ensemble, avec témérité et détermination, pour la grande lutte féministe.
Parce que l’égalité n’est pas qu’une utopie, parce que le commerce des femmes n’est pas un métier, parce que les violences faites aux femmes ne sont ni passion ni honneur mais crime, parce que le viol ne doit pas être une arme de guerre, parce que nos corps ne sont pas des champs de bataille, parce que nos compétences intellectuelles ne sont pas inférieures, parce que nous ne sommes pas de petits êtres vulnérables, ni des morceaux de viande, parce que rien ne nous oblige à respecter des lois et des dogmes qui ont été écrits sans nous et contre nous, exécrons tout de suite et inconditionnellement le système qui nous oppresse. Haïssons-le, dénonçons-le et détruisons-le. »

Le manifeste des Femen, éditions Utopia, dans la collection Dépasser le patriarcat, 64 pages.

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