updated 6:51 PM CEST, Jun 27, 2017

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Despentes, raide pour Jospin

Tout le monde s'y met: il y a eu le baiser de deux hétéros à Marseille au milieu d'une manif anti-mariage pour tous dont la photo a fait le tour du monde,  la célébration symbolique du mariage de deux élues vertes, hétéros elles aussi, en fait, il y a eu bon nombre d'initiatives spontanées de ce type partout en France. Mais il y a eu également les propos inadmissibles du jeune Dassault, sénateur UMP, qui a estimé sur France Culture le 6 novembre dernier que l'homosexualité en Grèce antique est «une des raisons de sa décadence» et que la légalisation du mariage homosexuel empêcherait le renouvellement de la population. Plus récemment, le 9 novembre, sur le plateau du Grand Journal de Canal+, c'est Lionel Jospin qui s'oublie et dérape passablement en exprimant des réserves sur le projet de Mariage pour tous. Pour lui, "c'est la position de mon parti, et donc je la respecte. Ce n'était pas la mienne au départ. Ce que je pense c'est que l'idée fondamentale doit rester, pour le mariage, pour les couples et pour la vie en général, que l'humanité est structurée entre hommes et femmes". Etonnant de la part du promoteur du PACS, mais c'est peut-être la raison pour laquelle, les socialistes n'avaient pas franchi le pas à l'époque: le PACS est déjà bien suffisant pour cette sous-catégorie citoyenne, l'égalité avec les hétéros? Pour quoi faire?

C'est là que Virginie Despentes, auteure et réalisatrice post-punk (ou vraiment punk, s'il faut encore mettre une étiquette) entre dans la mêlée: dans une tribune absolument nécessaire et très argumentée, publié par Tétue, elle répond au politicien socialiste égaré. Elle explique : "Au départ, cette histoire de mariage, j'en avais moitié rien à faire - mais à force de les entendre, tous, sans homophobie, nous rappeler qu'on ne vaut pas ce que vaut un hétéro, ça commence à m'intéresser". Le couplet de Jospin sur l'humanité lui est visiblement restée en travers de la gorge, elle précise: "Je m'étais déjà dit que je ne me voyais pas «femme» comme le sont les «femmes» qui couchent gratos avec des mecs comme lui, mais jusqu'à cette déclaration, je n'avais pas encore pensé à ne plus me définir comme faisant partie de l'humanité. Ça va me prendre un moment avant de m'y faire. C'est parce que je suis devenue lesbienne trop tard, probablement. Je ne suis pas encore habituée à ce qu'on me remette à ma place toutes les cinq minutes. Ma nouvelle place, celle des tolérés".

On ne peut que conseiller une lecture exhaustive du texte de Virginie Despentes qui donne un son un peu plus rock'n'roll au concert du grand orchestre homophobique. Que les transféministes et tous les gens qui veulent vraiment la justice fassent eux aussi entendre leur voix! Oï!

http://www.tetu.com/actualites/france/virginie-despentes-repond-a-lionel-jospin-et-aux-anti-mariage-pour-tous-22503

Etudiantes à Tunis

 

Lundi 15 octobre 2012, Tunis, Université de la Manouba. Pendant qu’une professeure me présente aux étudiant-e-s, je parcours l’auditoire des yeux. Il y a beaucoup de monde, probablement plus de cent personnes, en très grande majorité des jeunes femmes. Normal, je me trouve à la faculté des lettres et, de plus, mon exposé a pour thème «Femmes et culture dans le monde d’aujourd’hui». Il n’y a pas de raison qu’à Tunis les participants masculins à une conférence sur les femmes soient plus nombreux qu’à Lausanne ou Genève.

La différence avec une université suisse, c’est que les deux tiers environ des étudiantes ont la tête couverte d'un morceau de tissu qui ne laisse pas échapper la moindre mèche de cheveux et qui descend sur les épaules. Il y a le foulard coloré, voire coquettement drapé, porté avec des jeans ou des tuniques courtes par-dessus le pantalon; il dénote surtout, m'a-t-on expliqué, un conformisme social, le désir de ne pas se faire remarquer et de ne pas avoir d’ennuis dans les quartiers populaires très conservateurs d’où ces étudiantes proviennent. Et il y a le voile qui, pour l’Occidentale que je suis, évoque irrésistiblement la tenue des bonnes sœurs catholiques : gris, beige ou bleu, retombant sans aucun artifice jusqu’au niveau des omoplates, serré au ras du menton et surmontant une robe longue et flottante de même couleur.

Nous sommes en milieu académique dans la capitale de la Tunisie, ce pays qui avait la réputation d’être le plus progressiste du Maghreb, notamment s’agissant du statut des femmes. On me racontera plus tard que, sur les plages publiques, les habitantes de Tunis se baignent désormais presque toutes habillées de pied en cap ; il faut aller sur les plages privées pour ne pas se sentir gênée de porter un maillot de bain. Le parti islamiste Ennahda a gagné les élections il y a un an et le fondamentalisme salafiste a depuis lors étendu son emprise sur la société.

Ma conférence est un plaidoyer pour les valeurs du féminisme (égalité des droits, condamnation du viol etc.), mais j’insiste aussi sur la nécessité d’éviter tout ethnocentrisme dans la manière d’aborder ces problèmes. Tout le monde m’écoute religieusement – le respect de l’autorité, apparemment encore très répandu ici, y est sans doute pour quelque chose. Je me demande néanmoins ce qui se passe derrière  ces visages pour la plupart immobiles, derrière ces yeux pour la plupart inexpressifs.  En conclusion, j’incite les étudiant-e-s à réagir à mes propos, voire à me contredire.  L’université est par excellence le lieu où doit se manifester l’esprit critique, dis-je avec véhémence… et la sensation désagréable d’être complètement à côté de la plaque.  Le mutisme de l’assistance pèse des tonnes.

Finalement, les prises de parole s’ébranlent selon un ordre prévisible : d’abord les professeurs, ensuite les étudiants mâles (qui sont dix fois moins nombreux que les étudiantes mais qui, une fois le pas franchi, se complaisent à occuper le terrain – ça, c’est comme en Suisse), ensuite les filles qui ont la tête nue, ensuite les porteuses de foulards colorés, et enfin, au forceps, deux ou trois filles voilées au sens propre du terme.

La même scène se reproduira dans les deux autres universités où j’aurai l’occasion de m’exprimer les jours suivants. Les garçons s’efforcent de prouver qu’ils ont été sensibles à mon discours, mais sortent parfois des énormités qui me feraient rire, tant elles sonnent incongrues à mes oreilles,  si elles ne me donnaient pas des frissons, par exemple : «Moi, je suis tout à fait d’accord que ma femme travaille, mais j’aimerais qu’elle m’explique dans quel but.» Les filles sans foulard se décident alors à les rabrouer, voire à se plaindre du fait que leur (relative) liberté vestimentaire est systématiquement interprétée comme un signe de disponibilité sexuelle, par contraste avec les  femmes qui donnent la preuve de leur «pudeur» en se couvrant la tête.  Elles sont courageuses, mais très minoritaires.  Pour leurs condisciples en foulard/jeans, le gros du bataillon, s’exprimer en public est visiblement une épreuve, et quand elles se forcent à le faire (parce que j’insiste…), elles énoncent des platitudes. Et les filles authentiquement voilées, qui sont toujours les dernières à ouvrir la bouche, que disent-elles ?

C’est en pensant à elles que j’ai eu envie d’écrire cette chronique. Elles continuent à me trotter dans la tête, ces jeunes femmes qui étudient sagement les langues étrangères et les grands textes de la littérature mondiale, se confrontant ainsi à des univers radicalement différents du leur, tout en restant terrées sous des mètres carrés de tissu et prisonnières d’une vision aliénante de leur sexe. Leurs propos m’ont exaspérée mais aussi déchirée, parce qu’ils respiraient la sincérité, la certitude inébranlable d’être dans le juste et dans le bien : «Le Prophète a été bon avec les femmes, dans l’islam il n’y a pas besoin de féminisme, il suffit que les femmes sachent respecter leurs limites dans le couple.» «Je m’habille ainsi parce que je réserve ma féminité pour un seul homme. Cet habillement témoigne de ma vertu et de ma foi.» «J’aimerais que toutes les autres étudiantes s’habillent comme moi, mais je respecte leur choix de ne pas le faire. Pourquoi y a-t-il une telle hostilité contre les femmes qui se voilent ?»

Je revois ces visages placides, absolument imperméables aux arguments avancés par certaines condisciples ou par les professeurs. L’idée qu’elles se font endoctriner et manipuler à des fins politiques par les (hommes) fondamentalistes semble être pour elles totalement irrecevable.

Et pourtant. Les deux jeunes femmes en niqab qui, le printemps dernier, ont vandalisé, en sa présence, le bureau du doyen de la faculté des lettres de la Manouba, étaient télécommandées par un groupe salafiste. Le niqab, c’est ce long vêtement noir ou en tout cas foncé qui couvre non seulement l’entier du corps mais également le visage. Le professeur Habib Kazdaghli, connu pour son engagement en faveur de la modernisation de la Tunisie et son attachement aux libertés académiques, avait interdit l’accès des femmes «niqabées» dans les salles de cours (il n’y en avait effectivement pas dans les auditoires lors de mon passage). Confronté à la vindicte  des deux porteuses de niqab, il les avait expulsées fermement de son bureau. Son procès pour «actes de violence commis par un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions» », délit passible de cinq ans de prison, devait commencer ce jeudi 25 octobre, mais il a été reporté à la mi-novembre, dans un climat de forte mobilisation, y compris internationale, en faveur du doyen. Lors de l’audience où a été décrété ce report, le juge a en tout cas obligé les deux plaignantes «niqabées» à montrer leur visage.


Retrouvez toutes les chroniques de Silvia Ricci-Lempen sur www.silviariccilempen.ch

© Photo DR, étudiante à l'entrée de l'université de la Manouba à Tunis

Cachez ce sexe...

 

 

 

 

 

Le Musée Leopold de Vienne est obligé de censurer l’affiche de son exposition Nackte Männer.

L’affiche de Nackte Männer crée la polémique, et s’est vue castrée à une semaine de cette exposition inédite de quelques 300 nus masculins,  signés Egon Schiele, Andy Wharol, Jean Cocteau, et Louise Bourgeois entre autres.. Cette belle diversité s’affichait joyeusement en format mondial dans les rues de Vienne, avec la photo Vive la France (2006) de Pierre et Gilles, jusqu’à ce que des pères de famille crient au scandale, choqués par les trois footballeurs en chaussettes et crampons (et rien d’autre).

Des hommes nus dans une oeuvre d’art. Où est le problème? Pour les artistes de l’Antiquité, le corps humain nu représentait dans ses proportions idéalisées la pureté et l’ordre divin. Que s’est-il passé depuis? Depuis, le Moyen Age et l’influence de la religion chrétienne ont renvoyé le nu à sa penderie, accusé de blasphème et de péché d’orgueil.

Doit-on en déduire que le Moyen-Age fait son come-back? A une époque où c’est l’image d’un corps de femme nu qui sert le plus souvent à vendre des braies et des poulaines, qu’est-ce qui pousse des pères de famille à vouloir protéger leurs enfants de la vue d’un trio de bites sur une affiche de Musée? Si la nudité dans l’art posait vraiment problème, ceux qui s’attaquent au Musée Leopold auraient depuis longtemps demandé à la Municipalité de Florence de metre un slip à son David.

Peut-être que ce qui les gêne vraiment dans Vive la France, c’est qu’ils se sentent  relégués au rang de saucisse, associés à la chair plutôt qu’à l’âme?  Bienvenue au club! Que ces pères se rassurent, dans une société qui denude des femmes pour vendre des voitures, ou les étouffe de vêtements pour vendre une religion, ils gardent encore le pouvoir de couvrir leurs avants (!) quand il se sentent trop exposés. Quant à celles et ceux qui nous reconnaissons dans Vive la France,  célébration bien membrée d’une société multiculturelle et multisexuelle, il ne nous reste plus qu’à prier pour que Pierre et Gilles fassent des petits! Et que tous les sexismes aillent se rhabiller.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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